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DIASPORA

La diaspora chinoise

Le terme huaqiao, sous lequel on désigne en mandarin les Chinois résidant hors de l'Empire du Milieu, ne remonte qu'aux dernières années du xixe siècle, mais l'émigration elle-même a une histoire beaucoup plus ancienne. Dès le iiie siècle avant J.-C., des Chinois s'infiltraient dans le nord de l'Indochine et, au cours du ier siècle, certains atteignaient déjà les régions plus au sud. Par la suite, les relations se firent plus intenses. À partir des Song et des Yuan, les textes chinois donnent quelques précisions sur les émigrés, établis au Champa et au Cambodge notamment. En 1392, une expédition maritime contre Java permettait à une nouvelle colonie de s'installer dans l'île. Au début du xve siècle, sous les Ming, les expéditions commerciales de Zheng He dans les mers du sud permirent l'instauration de relations plus étroites avec les communautés de marchands disséminées dans les grands centres de l'Indonésie (côte nord de Java, Malaka, Palembang). L'installation des Européens au siècle suivant (Portugais à Malaka et aux Moluques, Espagnols aux Philippines) attira aussi les marchands Han. Au milieu du xviie siècle, le courant d'émigration fut encore renforcé, notamment vers Taïwan, en raison des troubles qui sévirent en Chine du Sud à la suite du renversement de la dynastie Ming par les Mandchous.

La plupart de ces colonies vivaient du commerce. Les colons avaient tendance à s'assimiler aux populations qu'ils côtoyaient, par mariage avec les femmes indigènes. Beaucoup se convertissaient à la religion du lieu ; on put même parler de Chinois musulmans dès le xve siècle à Java. Au Siam, la fusion fut telle que plusieurs rois comptaient des Chinois parmi leurs ancêtres. L'usage de la sapèque chinoise, introduite dans les mers du sud au moins dès le xiiie siècle, ainsi que des quantités considérables de céramiques de toutes périodes attestent, à travers toute l'Asie du Sud-Est et l'océan Indien, l'importance de la présence chinoise.

Au xixe siècle, les conditions de l'émigration changèrent considérablement. D'une part, le déclin de la dynastie mandchoue et le surpeuplement des provinces méridionales (Fujian, Guangdong) rendaient disponible une main-d'œuvre peu qualifiée ; d'autre part, le développement des cultures de plantations, des grands travaux et l'exploitation des mines, non seulement en Asie du Sud-Est, mais aussi dans certaines autres régions d'Amérique et d'Afrique, privées de l'esclavage noir en voie de suppression, allaient provoquer l'émigration des fameux coolies. Les nouvelles communautés, qui comprenaient un nombre toujours croissant de femmes chinoises, perdirent leur tendance à l'assimilation et se regroupèrent pour former des minorités qui furent bientôt ressenties comme des corps étrangers. Pour marquer leur identité, ces minorités construisirent un grand nombre de temples (en Asie du Sud-Est en particulier) et introduisirent les cultes taoïstes et bouddhiques. Le mouvement nationaliste se développant en Chine, les sociétés secrètes, puis les agents de Sun Yat-sen s'efforcèrent de ranimer une conscience nationale, et les Chinois d'outre-mer soutinrent de leurs deniers les républicains qui renversèrent l'Empire en 1911. Souvent favorisées par les puissances coloniales européennes qui appréciaient leur ténacité et leur efficacité, ces communautés chinoises furent vivement concernées par le conflit sino-japonais (1937-1945). Elles furent en général fières de la place que la Chine continentale sut retrouver après la guerre. Au milieu des années 2000, on estimait à environ 40 millions le nombre des Chinois d'outre-mer dans le monde, dont près de 90 p. 100 vivaient en Asie. Dans les pays membres de l'Association des nations du Sud-Est asiatique[...]

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