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DIASPORA

La diaspora libanaise

Le Liban a connu plusieurs vagues importantes d'émigration depuis le milieu du xixe siècle, à l'origine des différentes communautés libanaises existant aujourd'hui en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Australie, en Europe, en Afrique de l'Ouest et dans la péninsule arabique. Sous l'Empire ottoman, l'émigration libanaise se confondit avec celle des autres provinces syriennes, également touchées par l'évolution des structures socioéconomiques de la société paysanne et par la pression démographique. Entre 1860 et 1914, 350 000 Syro-Libanais, en majorité chrétiens, émigrèrent vers les Amériques et dans une moindre mesure vers l'Égypte, malgré les restrictions légales imposées par les autorités ottomanes. Ce mouvement migratoire culmina durant la décennie qui précéda la Première Guerre mondiale avec dix à vingt mille départs annuels depuis Beyrouth, devenue l'un des principaux ports de la Méditerranée orientale, et Tripoli. Pour un tiers, les émigrés étaient originaires de la région semi-autonome du Mont-Liban frappée par l'exode rural après les conflits entre Druzes et Maronites, qui culminèrent en 1860, et la crise de la sériciculture à la fin du siècle. L'émigration fut interrompue durant la Première Guerre mondiale puis elle reprit après la création du Grand Liban en 1920 avant de connaître un net ralentissement dans les années 1930 du fait la crise économique mondiale. Le Liban était alors sous mandat français et de nombreux Chiites originaires des régions défavorisées du sud du Liban commencèrent à émigrer vers l'Afrique occidentale française. À partir de la fin des années 1950, l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe attirèrent un nombre croissant de travailleurs libanais, qualifiés ou non, qui profitèrent de la fabuleuse croissance économique des monarchies pétrolières. Le déclenchement de la guerre civile en 1975 provoqua le départ de plusieurs centaines de milliers de personnes, qui fut toutefois suivi d'une vague de retour l'année suivante, à la fin de la première phase du conflit. Par la suite, le quart de la population libanaise, 900 000 personnes, fut contraint d'émigrer définitivement du fait de la dégradation des conditions de vie. Dans les années 1990, après la fin de la guerre civile, le processus de reconstruction encouragea le retour de certaines catégories d'émigrés qualifiés, mais la stagnation générale de l'économie ne permit pas de mettre un frein à l'inquiétante émigration des jeunes actifs.

Des estimations très variables, parfois exagérées, circulent au sujet du nombre de Libanais dans le monde. Si cinq à six millions de personnes sont d'origine libanaise, le nombre de ceux qui possèdent la nationalité est d'environ un million. Les plus importantes communautés libanaises sont au Brésil, en Argentine, aux États-Unis, aux Canada, en Australie, en France, au Sénégal et en Arabie Saoudite. L'émigration libanaise, qui avait été essentiellement chrétienne sous l'Empire Ottoman, se diversifia par la suite pour compter aujourd'hui autant de Chrétiens que de Sunnites et de Chiites. Les caractères de la diaspora varient beaucoup d'un pays à l'autre, d'une génération à une autre et d'une communauté confessionnelle à une autre. La libanité peut s'exprimer de façon variée, par des marques culturelles, notamment culinaires, par la pratique de rites religieux spécifiques (christianisme oriental, chiisme, druzisme), par des visites touristiques estivales au Liban, par le soutien apporté à une cause politique.

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