DIASPORA
La diaspora palestinienne
La question des réfugiés palestiniens évoque avec acuité les conséquences des tensions qui déchirent le Moyen-Orient depuis plus de cinquante ans. Si la création de l'État d'Israël en 1948 a répondu aux aspirations du mouvement sioniste à la suite de la Seconde Guerre mondiale, elle a entraîné la déstructuration de la société palestinienne et jeté sur les routes de l'exil près de 800 000 réfugiés qui peuplent aujourd'hui une soixantaine de camps disséminés dans les territoires palestiniens ainsi que dans les pays arabes alentours. Avec la guerre de Six Jours, en juin 1967, qui entraîne à nouveau le déplacement de près de 400 000 Palestiniens, l'ensemble de la Palestine mandataire passe sous contrôle israélien. La diaspora palestinienne se décompose alors en un extérieur et un intérieur. Aujourd'hui, un peu plus d'un million de Palestiniens sont citoyens de l'État d'Israël, et on dénombre environ 1,5 million de Palestiniens non réfugiés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
La diaspora compte aujourd'hui cinq à six millions de personnes dont les deux tiers sont inscrits auprès de l'U.N.R.W.A. – l'Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient –, qui recensait, au 31 décembre 2006, 4 448 429 réfugiés, dont 1 321 772 résident dans les camps. Créée le 8 décembre 1949 par la résolution 302 (IV) de l'Assemblée générale des Nations unies pour assister et venir en aide aux réfugiés de Palestine, l'Office opère en Jordanie, Syrie, Liban, Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Ces exodes, liés aux conflits israélo-arabes, ne doivent pas faire oublier l'existence de communautés palestiniennes exilées à l'époque ottomane et mandataire. Des familles palestiniennes se sont installées à cette période dans les principales villes du Moyen-Orient. On retrouve également quelques dizaines de milliers de Palestiniens en Amérique latine et plus particulièrement au Chili, au Honduras, au Pérou et en Colombie, d'autres ont choisi les États-Unis. Les réseaux tissés par les familles palestiniennes avant 1948 ont contribué à former la base de la diaspora qui émerge à la suite de la création de l'État d'Israël.
D'importantes différences marquent chacune des communautés palestiniennes dispersées. Dans les pays européens comme en Amérique du nord et du sud, les Palestiniens ont acquis la nationalité de leur pays d'accueil. Dans les pays arabes, la situation est plus contrastée. Si les réfugiés bénéficient de droits importants en Syrie, voire de la nationalité de leur pays d'accueil pour la majorité d'entre eux en Jordanie, ils peuvent être soumis à des statuts beaucoup plus restrictifs, comme c'est le cas au Liban. En période de conflit leur statut se précarise. En 1991, du fait des positions pro-irakiennes de l'O.L.P. (Organisation de libération de la Palestine), plus de 300 000 Palestiniens ont dû quitter le Koweït, et aujourd'hui plus de 20 000 Palestiniens d'Irak se trouvent privés de protection à la suite de la chute du régime de Saddam Hussein.
La diaspora se structure politiquement autour de l'O.L.P., créée en 1964 à l'initiative des pays arabes. En 1969, suite à la défaite des pays arabes de 1967, les fedayin (combattants) palestiniens prennent le contrôle de l'organisation avec à leur tête Yasser Arafat. Leur objectif premier est le retour des réfugiés qui doit conduire à la création d'un État palestinien. La stratégie de l'O.L.P. est modifiée avec la déclaration d'indépendance de 1988 et le déclenchement de la première Intifada. La construction d'un État sur une partie de la Palestine mandataire, devient l'objectif premier. La Déclaration de principes signée en 1993 (Accords d'Oslo) entre Israël et[...]
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Écrit par
- Spyros ASDRACHAS : chargé de conférences à l'École pratique des hautes études
- Vicken CHETERIAN
:
director of programmes , Cimera - Kamel DORAÏ : chercheur C.N.R.S., docteur en géographie, Institut français du Proche-Orient, Damas, Syrie, et Mingrinter, Poitiers, France
- Thibaut JAULIN : doctorant à l'université d'Aix-Marseille-III (sciences politiques)
- Claudine LOMBARD-SALMON : docteur ès lettres, chargée de recherche au C.N.R.S.
- Raoul VANEIGEM : écrivain
- Emmanuel ZAKHOS-PAPAZAKHARIOU : docteur de troisième cycle
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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