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DÉFAGO DIDIER (1977- )

À trente-deux ans, le Suisse Didier Défago est devenu champion olympique de descente à Vancouver, réalisant le rêve de tout skieur et couronnant une longue carrière marquée par plus de bas que de hauts. Pour ce faire, il a dominé tous les favoris sur la redoutable piste Dave-Murray de Whistler Creekside.

Didier Défago est né le 2 octobre 1977 à Morgins, dans le Valais. Son père, un passionné de ski, le met très tôt sur les planches, et l'enfant apprend rapidement à maîtriser toutes les techniques en passant de longues heures sur le domaine des Portes du Soleil. Moins doué que son jeune frère, Daniel, brillant slalomeur qui verra sa carrière anéantie par les blessures, Didier travaille d'arrache-pied et obtient quelques bons résultats. En 1996, il est champion du monde junior de super-géant. Il intègre cette année-là le circuit de la Coupe du monde. Mais les résultats se font attendre : il n'obtiendra en effet sa première victoire qu'en 2002, remportant le super-géant de Val Gardena. Pilier de l'équipe nationale suisse, il se voit sélectionné pour toutes les compétitions majeures, Championnats du monde et jeux Olympiques, à partir de 2001. Néanmoins, il n'occupe que rarement le devant de la scène et skie dans l'ombre de ses compatriotes, Michael von Grünigen, Daniel Albrecht, Didier Cuche puis Carlo Janka, notamment. En outre, son style est risqué ; il connaît le doute et la blessure.

Didier Défago, apaisé par le mariage et la paternité, doit attendre le mois de janvier 2009 pour apparaître en pleine lumière : en une semaine, il dompte les deux pistes de descente mythiques du « cirque blanc » – le Lauberhorn de Wengen, puis la Streiff de Kitzbühel. Néanmoins, cet exploit semble rester sans lendemain. Lors de la saison 2009-2010, il ne monte qu'une seule fois sur le podium en descente (il est deuxième à Bormio le 29 décembre 2009). Au regard de la densité de l'équipe suisse, rien ne garantit qu'il se verra sélectionné pour participer à la descente olympique. Il n'obtient son sésame qu'au dernier moment : Martin Rufener, directeur de l'équipe helvète masculine de ski alpin, le préfère à Tobias Grünenfelder et à Patrick Küng pour participer à l'épreuve en compagnie de Didier Cuche, Carlo Janka et Ambrosi Hoffmann ; il justifie son choix en indiquant que Didier Défago semble à l'aise sur la piste Dave-Murray. Il ne regrettera pas sa décision.

Mais la météo joue avec les nerfs des concurrents à Whistler, les entraînements se voyant écourtés et la descente reportée de deux jours. Finalement, le 15 février 2010, les participants sont invités à s'élancer, sur une piste bosselée et verglacée. On assiste sans doute à la descente la plus serrée de l'histoire olympique (les dix premiers se tiennent en une demi-seconde). Dossard numéro 8, le fantasque Américain Bode Miller, félin, réalise le meilleur temps en osant des trajectoires improbables dont lui seul a le secret, et l'or semble lui tendre les bras. Mais, dossard 16, le solide Norvégien Aksel Lund Svindal le devance de 2 centièmes de seconde. Dossard 18, Didier Défago, doté d'un matériel très performant sur cette piste changeante, réalise la course de sa vie et précède le Norvégien de 7 centièmes de seconde. Son compatriote Didier Cuche, le favori, dossard 22, semble devoir le priver du titre, mais, malgré une course sans faute, il concède 36 centièmes de seconde sur le bas de la piste, sans que quiconque puisse expliquer la cause de ce retard.

Souvent placé, rarement gagnant jusque-là, Didier Défago devient le troisième Suisse sacré champion olympique de descente, après Bernhard Russi (1972) et Pirmin Zurbriggen (1988), et inscrit son nom dans le grand livre de l'histoire du ski helvétique.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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