FASSIN DIDIER (1955- )
Didier Fassin est un médecin, sociologue et anthropologue français. Directeur d’études en anthropologie morale et politique à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton (New Jersey), il occupe la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines » au Collège de France. Il est également le fondateur du Centre de recherche sur les enjeux contemporains en santé publique (lNSERM-UP 13-EHESS), en 1995, ainsi que de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (Iris), en 2007.
De la médecine aux sciences sociales, un chercheur aux compétences multiples
Né le 30 août 1955, Didier Fassin est le fils d’un électronicien et d’une secrétaire, et le frère du sociologue Éric Fassin. C’est d’abord en tant que médecin qu’il intègre le monde de la santé. Ayant obtenu son doctorat en médecine en 1982, il exerce en tant que chef de clinique assistant en médecine interne et maladies infectieuses, aux débuts des « années sida ». Après plusieurs missions à Calcutta et à Tunis, il se tourne vers les sciences sociales et entreprend un diplôme d’études approfondies (DEA) en anthropologie. Puis, sous la direction de Georges Balandier, il poursuit une thèse de sociologie sur les transformations du marché de la santé dans une banlieue de Dakar, au Sénégal. En 1989, il enquête en Équateur sur les programmes de réduction de la mortalité maternelle avec la sociologue Anne-Claire Defossez. À son retour, il s’engage dans une carrière universitaire. En 1991, le jeune chercheur est recruté en tant que maître de conférences en sociologie à l’université Paris-XIII, poste qu’il occupera jusqu’en 1997. Entre-temps, il soutient deux habilitations à diriger des recherches, une en santé publique, en 1994, et la seconde en sciences sociales, un an après. Il devient directeur d’études en anthropologie morale et politique à l’EHESS en 1999. En 2007, il fonde l’Iris avec l’anthropologue Alban Bensa. C’est enfin aux États-Unis qu’il s’établit, après avoir été nommé en 2009 professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton.
Outre ses engagements universitaires, Didier Fassin occupe des fonctions à responsabilités au sein d’institutions médico-sociales. Créateur, en 1996, de l’unité Villermé à l’hôpital Avicenne de Bobigny, destinée aux publics les plus précaires et devenue depuis une permanence d’accès aux soins de santé (PASS), il exerce de 2001 à 2003 le mandat de vice-président de Médecins sans frontières, puis celui de président du Comité médical pour les exilés à partir de 2005. L’anthropologue dirige, depuis 2006, la revue éditée par ce dernier, intitulée Maux d’exil.
Ses travaux sont par ailleurs maintes fois récompensés. Récipiendaire de la médaille d’or de l’anthropologie de l’Académie royale des sciences de Suède, Didier Fassin demeure le premier chercheur en sciences sociales à recevoir la Nomis Distinguished Scientist Award (2018). Enfin, il est nommé titulaire d’une chaire au Collège de France en 2022.
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Écrit par
- Juliette FROGER-LEFEBVRE : docteure en science politique, chercheuse post-doctorante au CNRS, sociologue de la santé
Classification
Média
Autres références
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BIOPOLITIQUE (anthropologie)
- Écrit par Frédéric KECK
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...archéologie » des formes de pouvoir qui le produisent comme sujet vivant, capable de développer un discours sur sa santé. À la suite de cette hypothèse, Didier Fassin et Dominique Memmi parleront de « bio-légitimité » ou de « bio-réflexivité » pour décrire le processus par lequel l’État oblige les individus... -
MORALE (sociologie)
- Écrit par Gérôme TRUC
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...cadres politiques, juridiques, idéologiques et médiatiques qui portent à percevoir certains êtres plutôt que d’autres comme des sujets moraux, et bornent notre sens moral (Didier Fassin et Jean-Sébastien Eideliman, Économies morales contemporaines, 2012 ; Gabriel Abend, The Moral background, 2014).