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SOTIRIOU DIDO (1909-2004)

Journaliste, écrivain, femme engagée dans le combat pour la démocratie, le féminisme et le rapprochement gréco-turc, Dido Sotiriou est née le 18 février 1909 à Aydin, en Asie Mineure, dans la région de Smyrne (Izmir). Son père est alors un industriel grec éclairé de l'Empire ottoman. Après la chute de l'Empire, l'armée grecque occupe l'Ionie anatolienne en 1919. Mais en septembre 1922, l'armée kémaliste rejette à la mer l'armée grecque et brûle Smyrne. Les Grecs d'Anatolie, dont la famille de Dido Sotiriou, sont échangés lors du traité de Lausanne en 1923 contre les musulmans de Grèce. Arrivé au Pirée, le père devient docker. À la mort de ses parents, Dido Sotiriou est élevée par une tante qui l'envoie étudier la littérature française à l'Institut français d'Athènes, puis à la Sorbonne. Elle reviendra souvent à Paris, rencontrant Aragon, Gide et Malraux. En 1936, elle travaille comme journaliste dans un quotidien athénien et dans une revue littéraire. Elle se marie alors avec le professeur Platon Sotirios.

Avec l'invasion nazie de la Grèce en avril 1941 , elle entre au Parti communiste et participe à la résistance dans l'E.A.M. (Front national de libération). Jusqu'en 1944, elle travaille dans la presse clandestine. C'est à cette époque qu'elle devient une féministe convaincue. Il est vrai que les femmes grecques ont joué un rôle important dans la résistance, des milliers d'entre elles rejoignant les maquis dans les montagnes. Par la suite, l'écrivain quittera le Parti communiste, trop stalinien à son goût.

À la fin des années 1950, Dido Sotiriou se met à l'écriture et publie son premier roman en 1959 : Les morts attendent, suivi d'Électre, deux ans plus tard. C'est en 1962 que paraît son chef-d'œuvre, Terres de sang, réédité soixante-cinq fois en Grèce, traduit en français en 1965, puis une deuxième fois en 1996.

Pendant la dictature des colonels (1967-1974), qu'elle exècre, elle se tait. En 1976, Dido Sotiriou publie Visiteurs, où elle évoque la tragédie des démocrates grecs pris entre la cruauté du pouvoir royaliste et le « culte des morts » du parti communiste clandestin. Six ans plus tard vient son dernier roman, Nous sommes perdus. En 1989, elle obtient le grand prix national de littérature grecque pour l'ensemble de son œuvre, puis entre à l'Académie d'Athènes.

Dido Sotiriou privilégie dans ses romans des thèmes inspirés de l'histoire et de la vie politique grecques dont elle a subi les méfaits. Terres de sang introduit une thématique nouée autour du « désastre national » que fut le déracinement des Grecs d'Asie Mineure, du printemps multiethnique perdu et de l'arrivée dans une Grèce étriquée, au nationalisme blessé. L'expulsion du million et demi de Grecs de Turquie conduit chez elle à une réflexion sur l'histoire : « Il n'y a pas de bons Grecs et de mauvais Turcs. Il y a des hommes qui deviennent des victimes et le payent cher. La guerre, telle Circé, change les hommes en monstres ».

— Christophe CHICLET

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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