DIDON ET ÉNÉE (H. Purcell)
Pour un peu, l'Angleterre du xviie siècle n'aurait pas eu son opéra ! Ce n'est pas, il est vrai, dans le contexte puritain institué par Cromwell que l'activité théâtrale pouvait se développer. C'est seulement lors de la réouverture des théâtres, en 1660, que s'affichent de nouvelles recherches en matière de spectacle musical. On recourt surtout au genre du mask (« masque »), divertissement très en vogue en Grande-Bretagne, composé de chants, de danses, de musique instrumentale et de machineries scéniques spectaculaires : John Blow y est passé maître avec Venus and Adonis (vers 1683) ; mais il ne s'agit pas d'opéras au sens propre. Avec Didon et Énée, Henry Purcell, élève de Blow, s'en rapproche. Peut-être écrit pour un pensionnat de jeunes filles de Chelsea, où il est représenté en 1689, Didon et Énée constitue non seulement une allégorie politique et religieuse, mais surtout une réussite sans précédent ni successeur dans l'expression baroque du tragique, avec un mélange des genres typiquement britannique. Ce n'est qu'avec Benjamin Britten, presque trois siècles après, que l'opéra anglais retrouvera un tel lustre.
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Écrit par
- Christian MERLIN : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical
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Média