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FISCHER-DIESKAU DIETRICH (1925-2012)

Le verbe et la musique

Arabella - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Arabella

C'est le départ d'une carrière internationale qui, menée avec sagesse, durera presque quarante ans et couvre avec un bonheur constant des domaines aussi divers que l'oratorio, l'opéra et la musique symphonique. En 1965, Fischer-Dieskau débute au Covent Garden de Londres, dans le rôle de Mandryka (Arabella de Richard Strauss, sous la direction de Georg Solti) ; en 1966, il chante à la Staatsoper de Vienne le rôle-titre de Falstaff de Verdi dans la prestigieuse mise en scène de Luchino Visconti, sous la direction de Leonard Bernstein. C'est cette même année qu'il commence, avec le pianiste Gerald Moore, l'enregistrement de l'intégrale des lieder pour voix d'homme de Schubert, une entreprise qui ne s'achèvera qu'en 1972. Avant que le goût ne s'en répande dans le public, il s'intéresse à Heinrich Schütz, Alessandro Scarlatti, Georg Philipp Telemann... et s'expose dans des partitions alors aussi peu fréquentées que les Leçons de ténèbres de François Couperin, les cantates Orphée de Louis-Nicolas Clérambault ou Thétis de Jean-Philippe Rameau.

Très tôt, il se distingue dans les œuvres de Jean-Sébastien Bach avec une autorité et une sensibilité exceptionnelles. Le disque garde la trace de nombreuses cantates du Cantor de Leipzig dirigées par Karl Ristenpart, d'un Magnificat où il retrouve Ernst Haeffliger, Maria Stader, Hertha Töpper et la baguette de Karl Richter (1961), ainsi que de ses participations à la Messe en si et à la Passion selon saint Matthieu avec des chefs aussi différents que Karl Richter et Otto Klemperer. On peut l'entendre dans Orfeo ed Euridice de Gluck, Giulio Cesare de Haendel (dirigé par Karl Böhm) et une mémorable Création de Haydn signée Herbert von Karajan, momentanément interrompue, en 1966, par la mort de Fritz Wunderlich.

Dietrich Fischer-Dieskau incarne avec moins de souveraine aisance les personnages mozartiens – le Comte Almaviva des Noces de Figaro, Don Giovanni – mais se révèle, sous la direction de Ferenc Fricsay un inattendu et irrésistible Papageno (La Flûte enchantée, 1958), que sa haute taille lui a interdit de chanter sur scène. Malgré ce que certains puristes taxent d'excès d'intellectualisme et de manque d'italianità, il chante Falstaff à Vienne et participe à des enregistrements verdiens qui font toujours référence : un Rigoletto dont il assume le rôle-titre avec un engagement passionné (aux côtés de Renata Scotto, Carlo Bergonzi, Fiorenza Cossotto, sous la baguette et Rafael Kubelík, 1963) et un Don Carlo (avec Nicolai Ghiaurov, Carlo Bergonzi, Martti Talvela, Renata Tebaldi, Grace Bumbry, direction de Georg Solti, 1965). Sa réussite n'est pas moindre au royaume de Richard Strauss, où il faut citer comme proches de l'idéal ses gravures de Capriccio (Olivier, avec Elisabeth Schwarzkopf, Eberhardt Wächter, Nicolai Gedda, Hans Hotter, Christa Ludwig, Anna Moffo et Wolfgang Sawallisch, 1959) et d'Arabella (Mandryka, avec Lisa Della Casa et Josef Keilberth, 1964). La moisson wagnérienne est abondante sur scène – Wotan de L'Or du Rhin au festival de Pâques de Salzbourg en 1968 avec Herbert von Karajan (resté sans lendemain, cependant), Hans Sachs (Les Maîtres chanteurs) à Munich en 1980 avec Julia Varady, René Kollo, Kurt Moll, Peter Schreier et Wolfgang Sawallisch (sa prise de rôle avait eu lieu en 1976, à la Deutsche Oper de Berlin, sous la direction d'Eugen Jochum) – mais surtout au disque : Le Vaisseau fantôme (le Hollandais, avec Gottlob Frick, Fritz Wunderlich et Franz Konwitschny, 1960), Lohengrin (Friedrich von Telramund, avec Jess Thomas, Elisabeth Grümmer, Christa Ludwig, Gottlob Frick, Rudolf Kempe, 1962), Tannhäuser (Wolfram von Eschenbach, avec Gottlob Frick, Fritz Wunderlich, Gerhard Unger, Elisabeth Grümmer, Lisa Otto, Franz Konwitschny, 1960), Le[...]

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Arabella - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

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