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DIEU D'EAU (M. Griaule)

La réception contrastée de ce livre

Si Dieu d’eau s’adresse d’emblée à un large public occidental afin de susciter un changement de regard sur l’Afrique, son succès n’est pas immédiat. Il faut attendre sa réédition et sa traduction dans de nombreuses langues, à partir du milieu des années 1960, pour que ce livre devienne progressivement la référence incontournable des médias et la source d’une fascination mondiale pour les Dogon, célébrés désormais pour leurs connaissances ésotériques et pour l’harmonie de leur société.

Dans le milieu ethnologique, Dieu d’eau ouvre la voie en France à une « école Griaule » représentée, dans les années 1950-1960, par Marcel Griaule, Germaine Dieterlen, Solange de Ganay, Dominique Zahan, Viviana Pâques et Jean Servier. Tous ces chercheurs accordent la primauté aux mythes et aux systèmes symboliques qui régiraient selon eux l’ensemble des activités humaines, dans les sociétés africaines qu’ils étudient. Mais en dehors de cette école, la plupart des ethnologues portent un regard critique sur Dieu d’eau, en France comme à l’étranger. Ils reprochent à son auteur d’avoir occulté l’histoire, le politique, la réalité sociale, le contexte de l’enquête et la diversité des discours pour construire, à partir d’un simple dialogue, une cosmogonie ou un système de pensée figé et homogène qui serviraient de référence à l’ensemble de la société dogon.

— Eric JOLLY

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Écrit par

  • : anthropologue, chargé de recherche au CNRS, Institut des mondes africains

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