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DIME NOVEL, littérature

Prendre quelques écrivains mineurs très prolifiques, beaucoup de papier recyclé, choisir des titres évocateurs, imprimer des couvertures illustrées d'images simples qui parlent au cœur en harmonie avec le contenu sentimental ou mélodramatique du texte et vendre ces romans chez l'épicier du coin pour le prix d'une bouchée de pain, le dixième d'un dollar. Cette recette fonctionne toujours, depuis la publication en 1860, par Beadle & Cie, du roman d'Ann S. Stephens : Malaeska : Indian Wife of the White Hunter. Depuis ce moment historique, dime novel désigne, dans le langage de l'Amérique du Nord, un livre populaire, le roman à quatre sous. Mais, dans la collection lancée par Erastus Beadle, il y avait aussi des livres pratiques et des séries interminables. Cette production rend ce type d'édition proche de notre Bibliothèque bleue et de notre littérature de colportage. Moralité, patriotisme, larmes et violence attirent aussi bien le lectorat féminin que le soldat de la guerre de Sécession, grand lecteur de dime novel, car la diffusion était particulièrement bien organisée dans l'armée. Les tirages variaient entre 35 000 et 80 000 exemplaires. Seule l'apparition de nouvelles collections à bon marché réussit à évincer les éditions de Beadle en 1875, alors que les critiques du clergé, des instituteurs ou des juges n'entamaient en rien la popularité de ces westerns, histoires d'amour ou épopées de mauvais garçon. Leur forme survécut dans le pulp magazine (dont le papier est fabriqué de pulpe de bois), et le genre du roman populaire s'est enrichi depuis du fantastique et de la science-fiction.

— Véronique KLAUBER

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