KABALEVSKI DIMITRI BORISSOVITCH (1904-1987)
Dernier survivant de la première génération de compositeurs soviétiques, Kabalevski fut longtemps, avec Chostakovitch et Khatchatourian, l'un des créateurs les plus en vue de l'U.R.S.S.
Né dans une famille modeste, Dimitri Borissovitch Kabalevski voit le jour à Saint-Pétersbourg le 30 décembre 1904. Sa famille se fixe en 1918 à Moscou, où il fait ses études secondaires avant de suivre des cours de peinture et de dessin. En 1922, il entre à l'institut Engels de sciences économiques et sociales. Pendant la même période (1919-1925), il étudie la musique à l'école de musique Scriabine. Il entre au Conservatoire de Moscou en 1925. Dès la fin des années 1920, il compose ses premières œuvres. Il est nommé, en 1932, professeur assistant de composition au Conservatoire de Moscou. Il sera titularisé en 1939. Rapidement, Kabalevski s'impose comme une figure dominante de la vie musicale soviétique : secrétaire de l'Union des compositeurs de l'U.R.S.S., il adhère au Parti communiste en 1940 et devient l'un des principaux rédacteurs de la revue Sovietskaïa Musika dans les années 1940. C'est dans les colonnes de cette revue que sont définis les grands axes de la politique officielle de création. Il joue également un rôle essentiel dans le domaine pédagogique, auquel il consacre une part importante de sa production — la meilleure à plus d'un point de vue — et se voit nommer président du Conseil scientifique d'esthétique pédagogique à l'Académie des sciences pédagogiques de l'U.R.S.S. en 1969, et président de l'International Society of Musical Education en 1972. Il meurt à Moscou le 17 février 1987.
L'œuvre de Kabalevski se situe à mi-chemin de la tendance prônée par l'Association russe des musiciens prolétariens et de celle de l'Association pour la musique contemporaine : il opte pour une musique facile et vivante, qui trouve sa place naturelle dans les formes traditionnelles. Sa fraîcheur d'inspiration, un certain charme séducteur ne sont pas sans évoquer Francis Poulenc ou Jean Françaix. Il trouve dans le concerto un moule qui lui permet de suivre les directives des décrets de 1948 : quatre concertos pour piano (1929, 1935, 1952 et 1975 ; le troisième, le plus joué, a été créé en 1953 par Vladimir Ashkenazy), un concerto pour violon (écrit pour David Oïstrakh, 1948) et deux concertos pour violoncelle (1948-1949 et 1964). Dans ce domaine, il s'impose par un lyrisme et un sens des couleurs discrets, qui contrastent avec la palette habituelle des compositeurs soviétiques (notamment Chostakovitch et Khatchatourian). En revanche, les formes plus développées dans lesquelles il veut transmettre un message en profondeur manquent de puissance : ses quatre symphonies (1932, 1933, 1934 et 1956, la troisième reprise en 1957 sous le titre de Requiem en mémoire de Lénine) semblent s'étirer en longueur, et toutes les œuvres d'inspiration patriotique qu'il compose pendant les années 1940 n'ont pas survécu aux circonstances de leur création. Dans le domaine lyrique, il a écrit cinq opéras, dont seul le premier s'est véritablement imposé : Le Maître de Clamecy (1937), d'après Romain Rolland, remanié en 1953, en 1969 et en 1972 sous le titre de Colas Breugnon. Il est également l'auteur d'une opérette, Le printemps chante (1957), et de nombreuses musiques de scène : la partition des Comédiens (pour la pièce d'Ostrovski, 1933), l'une des ses œuvres les plus pétillantes, a beaucoup joué en faveur de sa notoriété grâce à la suite d'orchestre qu'il en a tirée en 1940.
Mais le véritable visage de Kabalevski se trouve dans les petites formes, dans les œuvres pour piano à vocation pédagogique : De la vie d'un pionnier (1934), Trente Pièces enfantines (1937-1938), Vingt-Quatre Préludes (1943), des[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification