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HATZÍS DIMÍTRIS (1913-1981)

Nouvelliste et romancier grec, Hatzís a écrit une œuvre d'inspiration largement autobiographique mais qui est en même temps inséparable de l'histoire récente de la Grèce, dont elle nous fait partager les incertitudes et les déchirements. Hatzís lui-même ne fut guère épargné : militant du Parti communiste, puis responsable de l'Armée démocratique de libération, il fut contraint de s'exiler à la fin de la guerre civile, en 1949, et ne revint en Grèce qu'après la chute du régime des « colonels », soit un quart de siècle plus tard. À l'exception de son premier roman (Hè Phôtia, 1946 ; « Le Feu »), qui dénonçait l'inutile cruauté de la guerre, la quasi-totalité de ses récits furent donc composés à l'étranger, notamment en Hongrie puis en Allemagne de l'Est. De là, sans doute, l'acuité singulière de son regard, le réalisme minutieux qui président à l'évocation de la réalité grecque la plus humble et la plus provinciale (To Telos tès mikrès mas polès, 1962 ; « La Fin de notre petite ville »), comme s'il s'agissait de ressusciter, par l'écriture et la mémoire, une patrie absente. Nouvelliste davantage que romancier — ses romans n'étant même plutôt qu'une suite de récits habilement juxtaposés —, écrivant dans une langue simple, directe, fraternelle, il excelle dans la peinture des situations quotidiennes, dont la justesse et la sensibilité n'ont d'égales que l'ironie voilée derrière laquelle il prend soin de se dissimuler. Citons encore, parmi ses recueils de nouvelles, dont certaines pourraient soutenir la comparaison avec les croquis de Gens de Dublin ou les récits provinciaux de Pavese, Hoi Anuperaspistoi (1965 ; « Sans défense ») et Spoudes (1978 ; « Études »). Son chef-d'œuvre reste cependant un roman (To Diplo Biblio, 1975 ; « Le Livre double »), récit à peine transposé de l'expérience amère de l'émigration. Hatzís est également l'auteur d'essais (Glôssa kai Politikè, 1975 ; « Langue et Politique ») qui, toutefois, n'ont jamais eu le retentissement de son œuvre romanesque. Il convient enfin de souligner les efforts qu'il entreprit peu avant sa disparition, avec la revue To Prisma (Le Prisme) pour faire connaître dans son pays la littérature étrangère.

— Gilles ORTLIEB

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