DINOSAURES
Des dinosaures aux oiseaux
Le problème de l'origine des oiseaux s'est posé avec acuité dès les débuts de la paléontologie évolutionniste, dans les années 1860. À cette époque, la première découverte d'un squelette d'Archaeopteryx, dans le Jurassique supérieur de Bavière (150 Ma), joua un rôle important car cet animal montrait clairement un mélange de caractères aviens (notamment la présence de plumes) et reptiliens (dents, doigts séparés pourvus de griffes, longue queue formée de nombreuses vertèbres). L'idée selon laquelle les oiseaux présentaient d'étroites affinités avec les dinosaures, proposée par le zoologiste anglais Thomas Huxley, fut largement acceptée par les paléontologues jusque dans les années 1920. Puis, des arguments anatomiques – notamment l'absence chez les dinosaures de la clavicule, qui est présente chez les oiseaux – conduisirent à rechercher l'origine des oiseaux parmi des reptiles plus primitifs. Dans les années 1970, avec la description de nouveaux spécimens d'Archaeopteryx et la réinterprétation de divers théropodes, l'hypothèse d'une parenté étroite entre oiseaux et dinosaures s'imposa de nouveau. Il est aujourd'hui clairement établi que des clavicules sont présentes chez nombre de dinosaures, ce qui invalide le principal argument anatomique à l'encontre de cette hypothèse.
Les dinosaures à plumes
Au-delà des ressemblances constatées dans le squelette, la découverte, depuis le milieu des années 1990, dans le Crétacé inférieur de Chine (sites du Liaoning), de divers dinosaures théropodes au corps recouvert de plumes (visibles sur des spécimens remarquablement bien conservés) a apporté un soutien considérable à l'hypothèse de l'origine dinosaurienne des oiseaux. Il est en effet peu concevable que l'organe complexe qu'est la plume soit apparu indépendamment dans des groupes différents de vertébrés. Sa fonction d'origine n'était vraisemblablement pas le vol, mais peut-être l'isolation thermique du corps chez des animaux endothermes. Parmi les fossiles chinois pourvus de plumes figurent des membres de la famille des Dromaeosauridae, des théropodes considérés comme particulièrement proches des oiseaux d'après leur squelette.
Certains de ces spécimens éclairent d'un jour nouveau les modalités de l'acquisition du vol par les oiseaux. Selon une hypothèse soutenue par beaucoup de partisans de l'origine dinosaurienne des oiseaux, les ancêtres de ceux-ci auraient été des animaux coureurs qui auraient « décollé » à partir du sol en s'aidant de leurs ailes. D'après une autre hypothèse, les ancêtres des oiseaux, arboricoles, seraient passés par un stade planeur, rendu possible par les plumes, avant de parvenir au vol battu. Le dromaeosaure Microraptor gui, mis au jour dans les gisements chinois, fournit des indications précieuses sur l'acquisition du vol. En effet, les fossiles montrent que ses membres antérieurs et postérieurs étaient munis de longues plumes. Microraptor gui possédait donc, avec sa longue queue également emplumée, cinq surfaces portantes. Cette morphologie particulière indique que l'animal était un planeur se déplaçant probablement de branche en branche à la façon des écureuils volants actuels. Microraptor gui donne sans doute une idée assez précise d'un stade par lequel les ancêtres des oiseaux sont passés au cours de leur évolution, même si celui-ci ne peut être considéré lui-même comme l'ancêtre des oiseaux car il est plus récent, d'une vingtaine de millions d'années, qu'Archaeopteryx. Tout porte donc à croire que les oiseaux ont acquis la faculté de voler via un stade arboricole et planeur, plutôt qu'en courant sur le sol.
À la recherche du véritable ancêtre des oiseaux
Il reste désormais aux[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Eric BUFFETAUT : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias
Autres références
-
DÉFINITION DES DINOSAURES
- Écrit par Eric BUFFETAUT
- 156 mots
Dans un rapport sur les reptilesfossiles de Grande-Bretagne, l'anatomiste et paléontologue Richard Owen (1804-1892) propose de rassembler sous le nom de Dinosauria (du grec deinos, « terriblement grand » et sauros, « lézard ») trois genres mis au jour dans le Jurassique et le Crétacé...
-
AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie
- Écrit par Anne FAURE-MURET
- 18 789 mots
- 22 médias
...style des rivières, celles-ci s'étalant dans de grandes plaines d'épandage. Les formations lacustres sont localement bien développées, avec des restes de Dinosauriens. Ceux-ci passent peu à peu à des formes plus petites, plus mobiles en réponse à la nécessité de se déplacer, à cause du caractère progressivement... -
ALBERTOSAURUS
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 309 mots
Genre de grands dinosauresthéropodes carnivores du Crétacé supérieur (environ 80 millions d'années), trouvé à l'état fossile en Amérique du Nord. Les albertosaures constituent un sous-groupe des Tyrannosaures.
Par sa structure et ses mœurs supposées, Albertosaurus ressemblait...
-
ALLOSAURUS
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 302 mots
- 1 média
Grand dinosaure saurischien carnivore (théropode) ayant vécu au Jurassique supérieur, il y a environ 150 millions d'années. Il est particulièrement bien connu par des fossiles découverts dans l'Ouest des États-Unis, notamment dans les États de l'Utah et du Colorado.
Allosaurus...
-
ALVAREZ LUIS WALTER (1911-1988)
- Écrit par Alain GRIMAUD
- 420 mots
- 1 média
Physicien américain né le 13 juin 1911 à San Francisco, Luis Walter Alvarez commence ses travaux comme assistant, puis il devient professeur à l'université de Californie (Berkeley), où il découvre en 1938 le phénomène de capture électronique de certains noyaux radioactifs. Avec Felix...
- Afficher les 59 références