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LIPATTI DINU (1917-1950)

La trop courte carrière de Dinu Lipatti a cependant laissé dans l'histoire de l'interprétation pianistique une trace ineffaçable. À l'âge où tant d'autres atteignent à peine leur maturité artistique, une implacable leucémie mettait un point final à un message musical qui avait su trouver dans l'intériorité la forme la plus parfaite de l'émotion. Les quelques souvenirs sonores qu'il nous laisse restent pour tous le modèle absolu du mariage idéal de la rigueur et de la sensibilité. Il n'y a qu'un seul Dinu Lipatti.

Le Prince des pianistes

Constantin Lipatti naît à Bucarest le 19 mars 1917. Rarement milieu familial a été plus favorable à l'éclosion des dons musicaux d'un enfant : sa mère est une pianiste de talent, c'est avec Pablo de Sarasate et Carl Flesch que son père a étudié le violon ; quant à son parrain, il n'est autre que le grand compositeur et violoniste roumain Georges Enesco. Les dispositions du jeune Dinu sont telles que, dès ses quatre ans, il se produit dans des concerts de charité et commence à composer. Mihail Jora – fondateur et président de la Société des compositeurs roumains – est l'un de ses premiers professeurs. Il lui faut une dispense spéciale pour entrer, bien avant l'âge minimal, au Conservatoire de Bucarest, où il travaille avec Florica Musicescu (qui sera, plus tard, le mentor de Radu Lupu). En 1934, il obtient le second prix au concours international de Vienne. Outré que le premier prix ait été refusé à « une vraie révélation à l'horizon des pianistes », Alfred Cortot démissionne avec éclat du jury. Dinu Lipatti s'établit alors à Paris pour étudier avec lui et Yvonne Lefébure. Charles Münch l'initie à la direction d'orchestre. Il se forme à la composition avec Paul Dukas pendant les derniers mois qui précèdent la mort du musicien français, puis avec la grande pédagogue Nadia Boulanger et Igor Stravinski. Ses premières tournées de concerts, à Berlin et en Italie, datent de 1936. C'est à cette époque que Walter Legge le découvre et commence à l'enregistrer en compagnie de Nadia Boulanger dans des pièces de Brahms (1937).

Survient la Seconde Guerre mondiale, dont il passe la première partie (1939-1943) en Roumanie, se produisant avec Georges Enesco et Willem Mengelberg. Il est cependant contraint de se réfugier en Suisse avec son épouse, la pianiste Madeleine Cantacuzène. Le Conservatoire de Genève lui confie alors la classe de virtuosité. Dès la fin des hostilités, il reprend sa vie de concertiste et joue régulièrement à Genève, Londres et Zurich. Il se dépense sans compter pour faire découvrir la musique trop méconnue de Georges Enesco et donne, en 1947, sous la baguette d'Ernest Ansermet, la première audition européenne du Troisième Concerto pour piano de Béla Bartók.

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Liszt, Années de pèlerinage, Sonnet 104 de Pétrarque - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Liszt, Années de pèlerinage, Sonnet 104 de Pétrarque

Mozart, Concerto pour piano n<sup>o</sup> 21 - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Mozart, Concerto pour piano no 21

Autres références

  • HASKIL CLARA (1895-1960)

    • Écrit par et
    • 1 593 mots
    • 4 médias
    ...du xxe siècle. Elle a néanmoins créé le Concerto pour deux pianos et orchestre de Claude Arrieu (1938, avec Émile Passani) et, la même année, la Symphonie concertante pour deux pianos et cordes de Dinu Lipatti, l'auteur tenant la partie du second piano. Ce dernier lui dédie son Nocturne...