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DION CHRYSOSTOME DIO COCCEIANUS dit (40-120)

Le rhéteur grec Diôn ho Khrusostomos (Dio Cocceianus), à qui sera donné le surnom de Chrysostome (c'est-à-dire Bouche d'or), est né à Pruse en Bithynie, dans une famille riche. Il reçoit une bonne éducation qui lui permet de débuter comme rhéteur et de connaître le succès. Mais des difficultés l'amènent à quitter sa patrie et à se rendre à Rome, sous le règne de Vespasien. En 82, indirectement impliqué dans le procès d'un haut personnage sous Domitien, il est contraint à l'exil. Commence alors un long vagabondage qui le mènera jusqu'au Danube et à la mer Noire. Il ne revient à Rome que sous Nerva, à qui sans doute il doit son nom de Cocceianus. Il devient plus tard l'ami de Trajan, à qui il dédie ses quatre discours Sur la royauté. Après 102, il retourne définitivement à Pruse, dont il entreprendra l'embellissement et où un procès lui sera intenté par ses concitoyens.

Son œuvre est vaste et se présente comme un ensemble complexe d'écrits et de discours très divers, où se trouvent mêlés des textes d'inspiration sophistique (Un éloge du perroquet) et des textes d'inspiration philosophique. On a longtemps cru pouvoir discerner chez Dion une véritable conversion : sous l'effet de l'exil et des épreuves, il aurait abandonné les jeux brillants et frivoles de la sophistique de sa jeunesse pour se faire l'apôtre de la vertu et se consacrer exclusivement à la philosophie, une philosophie inspirée de Platon, du stoïcisme et du cynisme. Il semble en fait que les deux tendances (sophistique et philosophique) soient toujours restées présentes chez lui et que son évolution soit moins tranchée. Son activité intellectuelle n'est pas sans rapport avec ses conceptions politiques. Environ quatre-vingts ouvrages sont parvenus jusqu'à nous. On connaît surtout ses discours Sur la royauté, l'Eubéenne, les Diogéniques et les Socratiques, les Discours aux cités et les Bithyniques, ainsi que diverses œuvres morales.

Il s'agit d'œuvres qui sont tantôt le reflet de discours effectivement prononcés, tantôt des conférences, tantôt de petits traités de morale sous forme de discours. La pensée de Dion est sans véritable originalité : il reprend des thèmes et des maximes de provenance diverse, qu'il réunit sous une commune coloration stoïco-cynique. Mais on trouve à côté de la théorie un sens aigu de la réalité contemporaine. L'œuvre a donc aussi de l'intérêt comme document : elle précise notre connaissance de la civilisation hellénistique à l'époque impériale. Les dix Discours aux cités, spécimen brillant du genre épidictique, développent des préceptes de morale et de philosophie populaire. Les quatorze Bithyniques, adressées aux villes de son pays natal, sont d'un genre moins soutenu, et plus liées aux circonstances politiques : Dion conseille aux cités d'éviter les querelles et les procès que suscite leur rivalité, pour gagner, par leur concorde, le poids politique qui leur fait défaut. La doctrine politique de Dion, qui s'exprime principalement dans les discours Sur la royauté, mais aussi dans le Borysthénitique ou dans l'Olympique, se fonde sur l'idée que la véritable royauté ne peut se concevoir en dehors de la moralité. On reconnaît, à travers les propos échangés entre Diogène et Alexandre le Grand, les grandes lignes de la conception cynique de la royauté. C'est la même conception que développe aussi Épictète, contemporain de Dion. L'Eubéenne (discours qui est aussi appelé Le Chasseur) trace un portrait idéalisé de la vie de certains pauvres paysans de l'Eubée : avec des accents qui annoncent Rousseau, Dion y fait l'éloge du travail, de la vie simple, digne et saine, qu'il oppose au luxe des villes. Thèmes empruntés à la tradition cynique, mais judicieusement utilisés pour dénoncer[...]

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Paris-VII

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