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DIONISII ou DIONYSOS (1440 env.-env. 1510)

À la différence d'un grand nombre de peintres d'icônes, appartenant aux milieux ecclésiastiques ou monacaux, Dionisii (ou Dionysos) était un laïc ; il travaillait avec ses fils, Feodosii et Vladimir. D'après les mentions qui en sont faites dans les textes anciens, sa réputation était établie de son vivant déjà. Vers 1480-1481, il fut invité à travailler au Kremlin. Il fut en contact avec Iosif Volotski-Sanine (1439-1515), fondateur du monastère de Volokolamsk, où il peignit des icônes, presque toutes disparues aujourd'hui. À la fin du xve siècle, un retour à la tradition de Roublev s'instaure à Moscou après quelques décennies durant lesquelles d'autres courants avaient subsisté.

Les débuts de la carrière de Dionisii semblent liés à un séjour au monastère Paphnouti-Borovski. C'est là que, vers 1465-1470, l'artiste décora l'église de la Nativité de la Vierge. En 1481, ou au plus tard en 1482, il peignit avec ses compagnons la Deisis, les rangées des Fêtes et des Prophètes de la cathédrale de la Dormition à Moscou, mais ces icônes ne nous sont pas parvenues. Les superbes icônes représentant les métropolites moscovites Pierre et Alexis, provenant de la même église du Kremlin, peuvent être, par leur style, attribuées à son atelier. La Vierge Hodiguitria (galerie Tretiakov, Moscou) est l'une des premières icônes qui puissent être attribuées presque certainement à Dionisii ; elle est datée de 1482. Cette œuvre se distingue par son élégance, la tranquillité et la retenue d'expression, l'équilibre de la composition qui révèle la main d'un artiste ayant parfaitement assimilé la tradition aristocratique byzantine en même temps que celle de Roublev. Deux icônes provenant du monastère Pavlovo-Obnorski (galerie Tretiakov) sont caractéristiques de l'art de Dionisii. La première, le Sauveur en majesté, est presque identique à un Sauveur de l'école de Roublev, mais les proportions sont légèrement plus allongées. La seconde, une Crucifixion, est une des plus belles icônes de Dionisii. Datée de 1500, elle incarne, dans la grâce de ses courbes et le raffinement de sa composition, les nouvelles tendances de l'art moscovite, une extrême élégance, une recherche formelle, un souci plus poussé de l'effet décoratif ; mais, en même temps, le caractère « officiel » de la composition, un souci de l'ordre et de la hiérarchie révèlent un renforcement du courant de pensée dogmatique. On note en particulier l'allongement très sensible des proportions données aux corps des personnages. On conserve aussi à la galerie Tretiakov une série d'icônes provenant de l'iconostase du monastère Ferapontov, vraisemblablement exécutées par l'atelier de Dionisii entre 1500 et 1504, mais dont la sécheresse fait douter qu'elles soient de la main du maître.

L'œuvre la plus remarquable que nous ait laissée cet artiste est le grand ensemble de fresques de l'église de la Nativité de la Vierge du monastère Ferapontov (nord de la Russie, région de Vologda). Elle relève pleinement de la peinture monumentale et vise à la glorification de la Vierge, outre quelques thèmes empruntés au fonds traditionnel de l'art russe ancien. Le diakonikon (abside flanquant du côté sud l'abside principale) est orné d'une fort belle représentation de Nicolas et de scènes de sa vie qui illustrent des thèmes abstraits et symboliques. Le décor est divisé en quatre registres : motifs ornementaux, conciles œcuméniques et saints, acathiste, scènes évangéliques. À l'extérieur, au-dessus du portail d'entrée, les scènes de la nativité et de l'enfance de la Vierge sont d'une rare qualité d'exécution.

— Jean BLANKOFF

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut de philologie et d'histoire orientales et slaves, Bruxelles

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