RIDRUEJO DIONISIO (1912-1975)
Homme politique et écrivain espagnol, dirigeant de l'U.S.D.E. (Union social-démocrate espagnole), Dionisio Ridruejo fut l'une des figures les plus représentatives des déchirements et des incertitudes de l'Espagne contemporaine.
Il était né à Burgo de Osma (Soria), au cœur des hautes terres qu'il décrivit dans sa Guía de Castilla la Vieja (2 vol., 1968-1975). Après des études de droit et de journalisme, il devint chef de la Phalange. Il fit alors paraître son premier livre de poésie, Plural (1935). Ami et compagnon fidèle de José Antonio Primo de Rivera, il collabora à la composition de l'hymne phalangiste Cara al sol. Quand éclate la guerre civile, il s'engage dans les troupes nationalistes. Il occupe ensuite plusieurs postes importants dans la Phalange ; il est directeur général de la Propagande sous le premier gouvernement du général Franco. En 1942, il part pour la Russie comme volontaire dans la División azul, formée en Espagne pour lutter contre l'Armée rouge. Il en rapporte un recueil de poèmes, Poesía en armas (1944), dans lequel l'expérience qu'il vient de vivre comme simple soldat a détruit l'harmonie formelle et froide de son premier style. Dès son retour de Russie, il prend une attitude de plus en plus réticente vis-à-vis du régime franquiste, qui trahit à ses yeux l'idéal de justice sociale de la première Phalange. Dionisio Ridruejo en vient ainsi à rompre avec le régime constitué et démissionne de toutes ses charges officielles. Disgracié, relégué dans de petites villes de province, reniant publiquement ses anciennes convictions, il se consacre, pour subsister, à la littérature et au journalisme, tout en s'engageant délibérément dans un combat ardent pour la démocratie. L'exil, la prison, plusieurs procès sanctionnent ce revirement ou plutôt cette prise de conscience menée avec un courage exemplaire. En 1962, il participe à Munich à la rencontre entre les chefs de l'opposition extérieure et intérieure. En 1963, il dénonce l'exécution du leader communiste Grimau, qu'il qualifie d'« acte cruel et absurde ». À la tête de l'U.S.D.E., fondée en octobre 1974, Ridruejo se définit comme « un libéral dans l'ordre de la culture... »
Son œuvre littéraire comprend, outre les recueils de poésies cités plus haut, de nombreux articles et essais (En algunas ocasiones, 1960 ; Dentro del tiempo, 1960 ; Escrito en España, 1961), des pièces de théâtre (Don Juan, 1944 ; El Pacto con la vida, 1944), des proses lyriques (Diario de une tregua, 1973). Ridruejo fut l'un des fondateurs et le directeur, avec Pedro Laín Entralgo, de la revue El Escorial. En 1953, pour son étude intitulée En los setenta años de don José Ortega y Gasset, il reçut le prix Mariano de Cavia. En juillet-août 1975, la célèbre revue Litoral publia son dernier poème En breve, suivi d'un hommage de ses amis, parmi lesquels P. Lain Entralgo, L. Rosales, Vicente Aleixandre, Camilo José Cela, José Luis Cano, A. Tovar, Luis Felipe Vivanco. Ridruejo était un admirateur fervent du grand poète de Soria, Antonio Machado, son compatriote, dont en 1941 il préfaça la cinquième édition des Poésies complètes ; mais, à cette époque, il exaltait encore le lyrisme de Machado aux dépens de ses positions idéologiques, dont plus tard il sera lui-même si proche. L'œuvre poétique de Ridruejo traduit une sensibilité aiguë, portant en elle une douleur secrète, une indicible nostalgie, mais elle se révèle enthousiasmée par l'amour, la fraternité, l'âpre beauté de certains paysages ou la lueur intime des âmes. En 1950, Ridruejo reçut le prix national de poésie pour En once años ; ce livre était la somme de ses premiers recueils (Primer Libro de amor, 1939 ; Sonetos a la piedra, 1943 ; Fábula de la doncella y el río, 1943 ; En la soledad del tiempo[...]
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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