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DIPLOMATIQUE

La tradition des actes

La tradition d'un acte est l'état de rédaction dans lequel cet acte nous a été transmis : sa détermination permet de préciser le degré de confiance qu'on doit lui accorder. On peut en effet connaître l'existence ou le contenu d'un acte soit par son texte intégral, soit par des extraits, soit par une mention dans un acte ultérieur, une citation d'érudit ou un inventaire ancien d'archives. Quant à la teneur intégrale de l'acte, elle peut être révélée soit par un état préparatoire (brouillon ou minute), soit par l'original, soit par une expédition, une réexpédition, une ampliation, soit par une copie authentique ou informe, soit encore par un faux. C'est l'étude de cette tradition qui autorise à porter un jugement sur la sincérité d'un document ou sa fausseté, ainsi que sur la qualité du texte qui nous est parvenu.

Original

L'original est le document primitif où se trouve consignée pour la première fois sous sa forme définitive la volonté de l'auteur et qui est marqué des signes de validation destinés à faire foi. La notion d'originalité est une des plus essentielles de la diplomatique : un acte original est par définition un acte sincère (c'est-à-dire revêtu de l'authenticité diplomatique) et c'est d'après lui, si possible, que doit se faire l'édition du document.

Il peut y avoir plusieurs originaux d'un acte s'il s'agit d'une pièce très solennelle ou bien d'une circulaire ou encore si chacune des parties concernées désire en conserver un exemplaire.

Pendant des siècles, c'est l'acte remis au destinataire qui doit être tenu pour l'original ; mais, par suite de l'évolution des pratiques, la minute, qui en vint à recevoir des marques de validation, doit à son tour être regardée comme le véritable original ; l'expédition remise à l'intéressé n'est plus, dès lors, qu'une première copie, privilégiée parce que délivrée par l'expéditeur lui-même, et pourvue de certains signes de validation (qui peuvent d'ailleurs différer de ceux de l'original).

Tant que, ni par un enregistrement ni par la conservation des minutes, les chancelleries ne gardèrent trace des actes qu'elles expédiaient, il était impossible de procéder à une réexpédition. À l'époque romaine, on avait pu suppléer aux titres perdus en recourant à une procédure spéciale, impliquant une enquête publique, mais celle-ci tomba en désuétude à l'époque mérovingienne. De plus en plus souvent, on usa de la pratique de la confirmation des actes précédents ; le titre nouveau est obtenu des autorités sur une requête, généralement fondée sur le simple témoignage de l'intéressé ou sur quelque note par lui communiquée : le haut Moyen Âge nous en a conservé un grand nombre d'exemples dont la critique est évidemment difficile.

Copies

La notion d'authenticité s'étant obnubilée au cours du haut Moyen Âge, les intéressés (et spécialement les établissements ecclésiastiques) qui avaient besoin de produire le texte d'un acte se contentaient d'en tirer eux-mêmes copie. Celle-ci était le plus souvent informe, c'est-à-dire sans marque d'authenticité apposée par une autorité. Pour lui donner plus d'apparence, on en pouvait faire une copie figurée en s'essayant à reproduire certains des caractères externes de l'original. Certains allèrent même jusqu'à pourvoir de signes de validation fictifs une telle copie, lui donnant l'aspect d'un pseudo-original qui, à nos yeux, est diplomatiquement un faux, d'autant que le texte en est souvent plus ou moins consciemment adultéré. La critique est rendue d'autant plus délicate qu'à cette époque bien des destinataires procédaient eux-mêmes à la rédaction des actes qu'ils[...]

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