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DIPNEUSTES

Place des dipneustes dans l'évolution des vertébrés

Les plus anciens dipneustes connus ont été découverts dans le Dévonien inférieur (410 millions d'années) du Yunnan (Chine) et conservent encore un grand nombre de caractères primitifs permettant de les enraciner dans – ou à proximité – des porolépiformes. Dès le Dévonien moyen, on connaît des dipneustes typiques, mais plus ossifiés que les formes mésozoïques et actuelles. C'est au Carbonifère que les dipneustes quittent les eaux marines pour se confiner dans les eaux douces, bien que, peut-être, certaines formes restent ubiquistes jusqu'au Jurassique. Une révision des dipneustes post-dévoniens a montré que Neoceratodus a eu une distribution très vaste (Australie, Afrique, Amérique du Sud) au Crétacé, tandis que les lépidosirénidés (Protopterus, Lepidosiren) ont toujours été confinés à l'ensemble Afrique-Amérique du Sud.

Lors de leur découverte, au xixe siècle, tous les dipneustes avaient été classés parmi les amphibiens et, jusqu'en 1942, il y avait un consensus pour les considérer comme les plus proches parents actuels des tétrapodes. C'est Jarvik qui, en 1942, remit en question les ressemblances entre dipneustes et tétrapodes (notamment en ce qui concerne les narines internes ou choanes) et, plus tard, classa même les dipneustes parmi les « plagiostomes » en les rapprochant des holocéphales. Cependant, la possession des choanes par les deux groupes est certainement due à une convergence : Diabolepis, un dipneuste du Dévonien inférieur de Chine, avait encore des narines postérieures externes (sur le bord de la bouche). De la même manière, les formes les plus primitives de la lignée tétrapodomorphe, conduisant aux tétrapodes, tel Kenichthys, du Dévonien inférieur de Chine, possèdent une narine postérieure située juste sur le bord de la mâchoire supérieure [cf. tétrapodomorphes] ; les choanes des dipneustes et celles des tétrapodes seraient donc apparues indépendamment bien qu'il soit vraisemblable qu'elles représentent l'aboutissement d'une « tendance évolutive » préexistant chez l'ancêtre des deux groupes. D. Rosen, P. Forey, B. Gardiner et C. Patterson (1981) ont mis en évidence de très nombreux caractères propres uniquement à ces deux groupes (structure du cœur, des poumons, torsion des nageoires paires, mode d'articulation des deux premiers éléments squelettiques des nageoires pelviennes, physiologie, biochimie, etc.) qui sont suffisants pour justifier cette position. Du point de vue paléontologique, il est probable que dipneustes et tétrapodes s'enracinent dans un ensemble de formes voisines des porolépiformes d'une part et des premiers tétrapodomorphes (« ostéolépiformes ») d'autre part, dès le Dévonien inférieur.

— Pierre CLAIRAMBAULT

— Philippe JANVIER

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Dipneustes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Dipneustes

Neoceratodus (nageoire pectorale) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Neoceratodus (nageoire pectorale)

Neoceratodus (cavité buccale) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Neoceratodus (cavité buccale)

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