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ORCHESTRE DIRECTION D'

La technique de direction

Le chef d'orchestre dirige en battant la mesure de la main droite. Celle-ci est le plus souvent prolongée d'une baguette qui amplifie les gestes et les rend donc plus lisibles aux exécutants. Le premier temps de la mesure est toujours battu vers le bas, le dernier vers le haut. Entre ces deux repères immuables se placent les autres « battues », généralement sur les côtés (leur localisation varie en fonction du nombre total de temps dans la mesure). Les chefs d'orchestre « habillent » généralement ces battues de gestes qui correspondent à l'atmosphère de la musique qu'ils dirigent (ampleur, discrétion, rondeur, rigueur, etc.), mais ils doivent s'efforcer de conserver une battue très claire, car la main droite d'un chef est le point de repère des exécutants. La main gauche joue un rôle expressif : elle indique les nuances, le phrasé, les entrées principales, etc. Elle est le complément indispensable de la main droite, et le chef d'orchestre doit posséder une grande indépendance des deux mains. Sa gestique ne se limite pas aux bras et aux mains : son visage en dit souvent plus long et, au-delà du geste ou de la mimique apparente, la communication s'établit grâce au magnétisme personnel du chef qui entraîne irrésistiblement les exécutants dans son sillage.

Le chef d'orchestre doit tenir compte des impératifs de chaque catégorie d'instruments et de leur position géographique sur la scène ou dans la fosse : les instruments à vent doivent respirer, il leur donne donc le signe d'attaque légèrement plus tôt qu'aux cordes ou aux percussions, et en respirant lui-même. Le même problème se pose pour les chanteurs. Lorsqu'un instrument est très éloigné, le chef d'orchestre doit tenir compte de la distance et corriger, par une anticipation, le décalage qu'elle pourrait provoquer.

Dans le domaine de la technique instrumentale, les connaissances du chef d'orchestre doivent être aussi complètes que possible. Il est impensable d'imaginer un chef qui saurait jouer de tous les instruments ; mais il doit être capable de s'exprimer musicalement avec un ou deux instruments. Il doit absolument connaître les problèmes techniques des instruments à cordes, car il est appelé à fixer des coups d'archet, choisir des registres ou des effets spéciaux. Dans ce domaine, plus particulièrement, il doit prendre des décisions, seul ou en accord avec le violon solo, car les cordes constituent un orchestre au sein de l'orchestre et tous les instruments d'un même pupitre doivent jouer de la même façon. À l'inverse, les instruments à vent sont beaucoup plus indépendants car ils jouent tous une partie différente et le chef peut se reposer sur eux. Mais il doit néanmoins connaître leurs limites, leurs tessitures et leurs possibilités sonores. Quant aux percussions, elles constituent un monde extrêmement vaste où seuls les spécialistes ont une réelle compétence : depuis les années 1930 environ, le nombre des instruments utilisés s'est considérablement accru, et rares sont les chefs qui les connaissent tous ; parfois, les orchestres ne disposent pas des instruments requis et une substitution s'impose : elle est généralement décidée par le percussionniste, et le chef ne s'en rend pas toujours compte ! Il s'agit d'un domaine où les connaissances des chefs pourraient être beaucoup plus complètes.

L'ampleur de la gestique n'est pas un critère de qualité mais, à l'inverse, elle n'est pas l'apanage des mauvais chefs. Certains grands chefs d'orchestre dirigent avec peu de gestes, d'autres au contraire semblent soulever leur orchestre à bout de bras. Qu'elle soit ample ou discrète, la gestique doit être efficace et correspondre visuellement à la musique exécutée. Le chef est, à un certain point de vue, une traduction physique[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Médias

Charles Münch - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Charles Münch

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Bruno Walter

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Willem Mengelberg

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