ORCHESTRE DIRECTION D'
Les écoles de direction d'orchestre
Depuis l'époque où la direction d'orchestre s'est affirmée comme une discipline autonome, elle a suivi, selon les pays, des chemins différents qui sont les reflets des institutions musicales de ces pays. La France semble avoir oublié assez rapidement la technique de François Habeneck, qui reposait sur un travail approfondi. Dès le début du xxe siècle, les orchestres donnent de plus en plus de concerts et répètent de moins en moins. En France, la direction d'orchestre s'adapte à ce contexte, et la plupart des chefs sont alors des baguettes virtuoses, capables de monter un programme en quelques heures de répétition ; ils sont précis, vont droit à l'essentiel et font confiance aux instrumentistes mais ont peu le loisir d'approfondir leur travail : aucune grande figure ne marque un orchestre français comme Arthur Nikisch ou Wilhelm Furtwängler à Leipzig et Berlin. Cette notion de travail en profondeur n'émerge qu'au moment de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Charles Münch est à la tête de l'Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, et il faut attendre la fin des années 1960 pour que tous les orchestres français adoptent progressivement ce principe de travail. La plupart des chefs français ont maintenant compris les fruits que peut porter un travail permanent et approfondi. Les aînés l'ont appris hors de nos frontières ; ils font maintenant école.
La tradition germanique est très différente. Wagner trouve à Paris le modèle des chefs et le modèle des orchestres en la personne de François Habeneck et de la Société des concerts. La confusion règne alors dans les orchestres allemands, et il faut attendre Hans von Bülow et ses successeurs (Arthur Nikisch, Gustav Mahler, Hans Richter, Felix Weingartner, Wilhelm Furtwängler et Bruno Walter) pour que la situation se clarifie et qu'un véritable travail d'orchestre s'instaure. Pendant les longs séjours à la tête des formations qu'ils dirigent, ces grands chefs forment les orchestres à leur image et leur donnent un style propre : Nikisch et Furtwängler à la Philharmonie de Berlin, Mahler et Bruno Walter à la Philharmonie de Vienne, Willem Mengelberg au Concergebouw d'Amsterdam. Tous suivent la même filière, qui commence dans les coulisses d'un opéra où ils sont d'abord répétiteur ou chef des chœurs ; ils gravissent ensuite progressivement les échelons de la carrière et acquièrent une expérience très complète qui leur permet de s'adapter à toutes les situations que peut rencontrer un chef d'orchestre, à l'opéra comme au concert.
Les pays anglo-saxons et, surtout, les États-Unis ont construit toute leur politique musicale en matière symphonique sur cette notion de permanence du chef d'orchestre. L'Orchestre de Philadelphie en est le meilleur exemple puisqu'il n'a connu que trois directeurs musicaux entre 1912 et 1992, Leopold Stokowski, Eugene Ormandy, qui a régné sur cet orchestre pendant plus de quarante ans, et Riccardo Muti. Les orchestres de Chicago, de Cleveland, de Boston ou de la N.B.C. ont connu des périodes analogues avec respectivement Fritz Reiner et Georg Solti, George Szell et Lorin Maazel, Serge Koussevitzky, Charles Münch et Seiji Ozawa, Arturo Toscanini. De nos jours, le principe subsiste toujours.
En Italie, l'art lyrique occupe une place souveraine et les chefs d'orchestre consacrent l'essentiel de leurs activités au théâtre. Leur formation correspond à cet impératif et il faut attendre la venue de Toscanini à la Scala de Milan, en 1898, pour que l'orchestre sorte de son rôle d'accompagnateur et soit considéré comme l'un des principaux protagonistes des réalisations lyriques. Les chefs osent alors faire travailler les orchestres mais, à l'exception de Toscanini, de [...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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