HABITATS-FAUNE-FLORE DIRECTIVE
En affichant l'objectif de préserver la faune et la flore terrestres rares et/ou menacées, ainsi que leurs habitats, la directive européenne, adoptée le 21 mai 1992, vient compléter la directive oiseaux du 2 avril 1979. Ces deux dispositifs constituent le fondement de la création d'un vaste réseau écologique appelé Natura 2000.
La mesure principale prévue par la directive habitats-faune-flore est la protection de zones géographiques où sont présents ces espèces et ces habitats, en favorisant des activités humaines compatibles avec ces derniers. La phase de sélection de ces sites – appelés zones spéciales de conservation (Z.S.C.) – s'est achevée, pour la France, en 2007. Ces Z.S.C. représentent environ de 10 à 15 p. 100 du territoire de chaque pays. Allant au-delà de ces deux directives, l'opération « Natura 2000 en mer » désigne la création d' aires marines protégées, dont les premières ont été déclarées en 2008.
Le choix des modes de gestion des sites, compatibles avec cette préservation et contractualisés sous forme de documents d'objectifs (Docob), a intégré une démarche participative, recherchant l'adhésion des acteurs locaux. Néanmoins, l'état général des sites, dressé en 2007 à la demande de l'Union européenne, sous la coordination en France du Muséum national d'histoire naturelle et avec la participation de nombreux organismes scientifiques (Office national des forêts, conservatoires botaniques...), a été jugé préoccupant, particulièrement sur le littoral, les sites forestiers et montagneux étant en meilleur état. Un contrôle plus drastique des pressions anthropiques pesant sur les sites les plus exposés, notamment le littoral, semble nécessaire.
Pour éviter la dégradation écologique de ces sites, donc respecter la directive, il est indispensable d'ajouter deux autres objectifs :
– Diminuer l'isolement des sites en les connectant par des habitats favorables aux espèces concernées, facilitant leurs déplacements, notamment en réponse aux changements climatiques. 60 p. 100 des espèces présentes ne rencontreraient plus les conditions climatiques auxquelles elles sont adaptées dans ces sites en 2080. En France, de telles connexions seraient réalisées par la Trame verte et bleue, proposée en 2007 par le Grenelle de l'environnement, dont l'efficacité dépendra notamment de la surface de ces interconnexions.
– Préserver l'état du reste de la biodiversité, c'est-à-dire des espèces « ordinaires » qui, de loin les plus nombreuses, sont indispensables au maintien des espèces et habitats menacés. Cette partie de la biodiversité est elle aussi en déclin. Natura 2000 et la Trame verte et bleue devront être complétées par d'autres dispositifs afin de limiter, sur l'ensemble des espaces environnants, les menaces opérant sur cette biodiversité ordinaire.
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Écrit par
- Denis COUVET : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
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