DIRECTOIRE
Le Directoire a duré à peine plus de quatre ans (26 octobre 1795 – 10 novembre 1799) : brève période dans la vie d'un homme, dans celle d'un peuple. Entre la Convention et l'époque napoléonienne, le Directoire est souvent présenté comme une transition : liquidation des espoirs révolutionnaires, préparation du pouvoir personnel. Il faut se garder pourtant de l'illusion historique qui juge une époque par rapport à un avenir, aujourd'hui connu, mais dont elle ne savait rien : il faut considérer le Directoire en lui-même, c'est dans la perspective de la fin de 1795 que l'on doit se placer pour essayer de comprendre la France et les Français face à leur avenir immédiat. De ce point de vue, le régime qui s'instaure est essentiellement une tentative pour stabiliser et consolider la situation du moment, pour remettre un peu d'ordre, et un ordre durable, après six ans et demi de révolution. C'était, à vrai dire, la seconde tentative de ce genre. Mais la première – la Constitution de 1791 – s'était soldée rapidement par un échec. Après la révolution du 10 août 1792, il avait fallu en venir à un régime d'exception, nécessité par la guerre, extérieure et intérieure. Mais, en 1795, après la pacification de l'Ouest, après la dislocation de la coalition ennemie, le moment paraît venu de revenir à un régime normal, défini par un ensemble de lois votées par la Convention finissante (la Constitution de l'an III et les décrets annexes). Par réaction contre les trois années précédentes, pour écarter les contraintes subies, on essaye d'organiser une république modérée et libérale, avec le souci de la rendre acceptable pour tous les Français.
Situation territoriale et démographique
La France de 1795 est plus grande que celle de 1789. Aux acquisitions qui datent déjà de quelques années (Avignon, la Savoie, Nice, les anciennes enclaves allemandes, l'évêché de Bâle devenu département du Mont-Terrible) viennent de s'ajouter les ex-Pays-Bas autrichiens, occupés depuis 1794 et incorporés à la République française par la loi du 1er octobre 1795 : quelque 580 000 km2 dans les « limites constitutionnelles ». Le territoire national est libre de toute présence étrangère, à l'exception de la Corse que les Anglais n'évacueront qu'en 1796. Bien plus, les troupes françaises occupent, outre quelques hautes vallées piémontaises, la majeure partie de la rive gauche du Rhin, dont certains dirigeants envisagent l'annexion, lorsqu'une paix victorieuse aura été signée avec l'Autriche et l'Empire : agrandissements qui accroissent sensiblement la part des populations non francophones.
La République compte environ 32 millions d'habitants, dont 28 millions sur le territoire de l'ancien royaume. C'est dire que le bilan démographique des six dernières années, malgré l'émigration, malgré la guerre et la Terreur, malgré le « creux » de 1795, est positif, avec des taux, pour 1 000, de 34,5 (natalité), 32 (mortalité), 10 (nuptialité). La population est donc nombreuse, et jeune : 11,5 millions de Français ont moins de dix-neuf ans, 14 millions ont entre vingt et soixante-quatre ans. Enfin, elle est en grande majorité rurale, dense surtout au nord de la Loire : le chiffre de la population urbaine n'est guère que de 5 millions d'habitants, répartis dans trois grandes agglomérations de plus de 100 000 âmes (Paris 640 000), dans quelques centres d'importance moyenne (Toulouse 60 000, Strasbourg 50 000) et dans de nombreuses petites villes.
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
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