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DIRECTOIRE

Mentalités et attitudes

Ce qui définit l'attitude des Français à l'automne de 1795, c'est moins le jugement qu'ils portent sur tel ou tel article de la Constitution (combien l'ont lue ?) que le souvenir laissé par six années de troubles, les craintes et les espoirs devant un avenir bien incertain.

Le catholicisme en question

Leur préoccupation majeure est d'ailleurs d'ordre religieux plus que politique. Sans vouloir nier la déchristianisation déjà poussée de certaines régions, il reste que le catholicisme demeure « la religion de la majorité des Français », comme le constatera le concordat de 1801. Or, après la destruction de l'ancienne Église de France en 1790, après les persécutions de 1791 à 1794, après la séparation de l'Église et de l'État découlant de la loi du 18 septembre 1794, l'an III de la République (1794-1795) est marqué par un renouveau religieux : réouverture des églises, reprise du culte. Mais quel culte ? Les catholiques sont divisés. L'ancien clergé constitutionnel essaye de se reconstituer sous la direction d' Henri Grégoire, ex-conventionnel et évêque du Loir-et-Cher, qui parvient à réunir un synode à Paris en 1797. Mais cette Église « gallicane » est en porte à faux, car elle ne se conçoit qu'appuyée par l'État. Quant aux réfractaires, qui se sont maintenus dans le pays même pendant la Terreur, leur position est renforcée par le retour plus ou moins clandestin en 1795, 1796 et 1797 des prêtres émigrés. Mais ils n'adoptent pas une attitude unanime à l'égard du pouvoir : les « soumissionnaires » acceptent de prêter le serment (exigé par la Constitution) de soumission et obéissance aux lois de la République, tandis que leurs adversaires, suivant les directives des évêques émigrés, persistent à identifier catholicisme et royalisme. Un nouveau serment de « haine à la royauté et à l'anarchie », exigé par le Directoire après Fructidor (1797), introduit encore une division au sein des soumissionnaires. Fructidor marque d'ailleurs une reprise de la persécution religieuse qui provoque chez les catholiques lassitude et désarroi, d'autant que la destruction de l'État pontifical en 1798, la mort de Pie VI en 1799 semblent annoncer la disparition prochaine du catholicisme.

Un royalisme équivoque

Catholicisme, royalisme : l'équivoque subsiste chez beaucoup d'ecclésiastiques. Mais chez les fidèles ? L'existence d'un courant royaliste en France n'est pas niable (il n'avait jamais cessé depuis 1792) : la reprise de la chouannerie dans l'Ouest en 1795-1796, l'insurrection parisienne du 13  vendémiaire an IV (5 octobre 1795), les élections aux Conseils du nouveau régime sont là pour le prouver. Mais de quelle royauté s'agit-il ? La grande erreur des émigrés (sauf quelques esprits avisés) est de s'être imaginé que le pays accepterait facilement le retour à l'Ancien Régime à peine corrigé par le programme royal du 23 juin 1789. Or s'il était un point sur lequel tous les Français se trouvaient d'accord, c'était bien la volonté de ne pas revenir à l'ancien régime social fondé sur l'existence d'ordres privilégiés, et à ses conséquences financières qui s'appellent, pour les paysans, dîmes et droits seigneuriaux. Beaucoup souhaitaient une monarchie constitutionnelle du type 1791, partageant le pouvoir entre le roi et la nation – une nation dont les « honnêtes gens » formeraient la classe dirigeante. Mais pas plus que Louis XVI, son successeur en exil, Louis XVIII, n'était disposé à accepter une telle solution. On voit dès lors l'équivoque des élections de l'an V (printemps 1797) : les Français qui donnèrent leurs voix aux adversaires du Directoire espéraient bien contraindre les « triumvirs » à démissionner ; mais si leurs[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen

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Assignat - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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