DIRECTOR (T. Oursler)
Produit de la fascination ambiguë du vidéaste Tony Oursler pour le pouvoir des médias, le Metteur en scène (Director), réalisé en 1996, fait partie d'un ensemble de figurines disséminées dans l'espace du Musée national d'art moderne, Centre Georges-Pompidou (Paris) – lieu pour lequel elles ont été conçues. Dans cet ensemble intitulé Switch – littéralement substitution – le Metteur en scène est manifestement la figure d'un échange programmé. Perchée sur l'une des canalisations apparentes du musée, la figurine en chiffon surplombe et domine ainsi le spectateur. L'animation, caractéristique de ce type d'œuvres élaborées par Oursler, se réduit à la projection vidéo d'un visage sur la tête (légèrement surdimensionnée) du mannequin. Mais c'est d'abord la voix que le spectateur perçoit : « Bien, allons-y... circulez un peu dans l'espace... vous tous... c'est bien... bougez naturellement... », s'entend-on intimer en anglais. Repérant finalement ce personnage incongru, le visiteur passe doucement de sa traditionnelle condition d'observateur à celle d'observé – « ... ne regardez pas la caméra... », nous enjoint-il fermement. Finalement, c'est presque à notre insu que la substitution a lieu : « Relax... continuez, respirez, marchez, parlez, pensez... très bien... oui, oui, c'est cela ». Sous la direction de ce metteur en scène d'abord improbable, le spectateur se transforme en une sorte de somnambule ; acteur d'une vie où, lui est-il rappelé, il n'est « qu'un décor accessoire ».
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Écrit par
- Hervé VANEL : professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Brown, Rhode Island (États-Unis)
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