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DIRICHLET PETER GUSTAV LEJEUNE- (1805-1859)

Théorie des nombres

Dirichlet était un des rares mathématiciens de sa génération à connaître à fond les Disquisitiones arithmeticae de Gauss qui ne quittaient jamais sa table de travail et où il a puisé mainte inspiration : il est très souvent revenu aux problèmes de la théorie des formes quadratiques binaires et ternaires, et a généralisé cette théorie aux formes sur l'anneau des entiers de Gauss ; il a donné d'ingénieuses méthodes pour démontrer les évaluations asymptotiques de diverses fonctions arithmétiques (par exemple la moyenne du nombre de diviseurs des n premiers nombres entiers) indiquées sans démonstration par Gauss ; et parmi ses premiers travaux (publiés dès sa vingt et unième année) figure une démonstration de l'impossibilité en nombres entiers de l'équation x5 + y5 = z5.

Ses travaux les plus importants dans la théorie des nombres reposent sur deux principes nouveaux, qui sont demeurés jusqu'à nos jours d'une extraordinaire fécondité. Le premier est d'une simplicité déconcertante ; c'est le principe des tiroirs, d'après lequel si n + 1 objets sont arbitrairement répartis dans n casiers, il y aura toujours un de ces derniers qui contiendra deux objets au moins. Si banale que puisse sembler cette remarque, il est merveilleux de voir ce qu'en tire Dirichlet. Par exemple, soit θ un nombre irrationnel, et soit q un entier > 0 ; divisons l'intervalle 0 ≤ t ≤ 1 en q parties égales, et considérons les parties fractionnaires des multiples pθ de θ pour 0 ≤ p ≤ q (c'est-à-dire la différence entre pθ et le plus grand entier qui lui est inférieur). Aucun des nombres pθ n'est entier, et toutes les parties fractionnaires des pθ sont distinctes, puisque θ est irrationnel. Donc, parmi ces q + 1 nombres, il y en a deux au moins qui appartiennent à l'un des q intervalles en lesquels nous avons subdivisé l'intervalle 0 ≤ t ≤ 1. Autrement dit, on a, pour un entier k tel que 0 ≤ k ≤ q − 1 :

pour deux entiers p, p tels que 0 ≤ p ≤ q, 0 ≤ p ≤ q, r et r étant deux entiers. En retranchant, on obtient :
et comme p p, on a prouvé l'existence d'un entier h tel que 1 ≤ h ≤ q, vérifiant la relation |hθ − s| < 1/q pour un entier s convenable. On ne savait avant Dirichlet prouver ce théorème que par des considérations assez compliquées sur les fractions continuées . Grâce à cette méthode, appliquée avec une très grande ingéniosité, Dirichlet put faire progresser considérablement la théorie des entiers d'un corps de nombres algébriques en déterminant dans le cas le plus général la structure du groupe des unités de ce corps (c'est-à-dire les entiers du corps dont l'inverse est aussi un entier).

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Autres références

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    • Écrit par
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