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DISCOKERYX XIEZHI

L’allongement du cou des girafes, un moteur des théories de l’évolution

Le cou des girafes fascine par sa singularité, mais également par sa complexité. Bien qu’ayant sept vertèbres cervicales comme la grande majorité des mammifères, celles-ci peuvent dépasser 35 centimètres de longueur. Depuis les origines des théories de l’évolution, les biologistes ont proposé différents scénarios pour expliquer les causes d’une telle étrangeté anatomique. Dans son ouvrage Philosophie zoologique publié en 1809, Jean-Baptiste de Monet de Lamarck propose la première théorie de l’évolution, dite du transformisme. Prenant l’exemple de la girafe, Lamarck postule que cette dernière, voulant manger les feuilles des arbres et des arbustes, a étiré son cou de son vivant et a transmis ce caractère à sa descendance grâce à un mécanisme mystérieux.

En 1859, Charles Darwin publie L’Origine des espèces, où il développe le mécanisme de l’évolution au travers du procédé de sélection naturelle. Cette dernière comprend deux volets : la sélection de survie (aussi appelée sélection écologique ou utilitaire) et la sélection sexuelle. Selon Darwin, le mécanisme évolutif derrière l’allongement du cou des girafes est en lien avec la sélection de survie : celles possédant les cous les plus longs sont moins en compétition avec leurs congénères, ou avec d’autres espèces possédant un cou plus court, pour se nourrir. Ces girafes auront alors un avantage reproductif entraînant un effet d’engrenage, allongeant le cou de génération en génération. Cette hypothèse est restée dominante pendant près de cent quarante ans.

Pourtant, en 1996, Robert Simmons et Lue Scheepers mettent en avant les différences significatives dans la taille du cou des girafes entre mâle et femelle, bien que tous deux se nourrissent du même type de plantes, plutôt basses en général. Ces chercheurs proposent alors que l’allongement du cou des girafes trouve une explication dans les combats que se livrent les mâles pour accéder aux femelles, combats au cours desquels des coups de tête latéraux sont échangés, avec une puissance rendue possible par l’accélération angulaire liée à la longueur de leur cou. Cette théorie qui met en avant la sélection sexuelle (par les combats entre mâles) est appelée Necks for sex (« des cous pour le sexe »).

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Écrit par

  • : docteur en paléontologie, chercheur associé au musée d'Histoire naturelle de Bâle (Suisse)

Classification

Médias

Ossements de <em>Discokeryx </em>et reconstitution de sa tête et de son cou - crédits : EUF d’après les travaux de Shiqi Wang/ IVPP Pékin et Wang Yu

Ossements de Discokeryx et reconstitution de sa tête et de son cou

<em>Discokeryx</em> <em>xiezhi</em> et girafes actuelles - crédits : Wang Yu

Discokeryx xiezhi et girafes actuelles