DIVERTISSEMENT DE COUR
À l'origine, la fête de cour mêle des éléments religieux, aristocratiques et populaires. Elle a pour principale fonction de célébrer la continuité d'une société et du pouvoir qui la régit. Chacun, en principe, y a sa place, mais le personnage central en est le prince. La fête de cour a évolué à partir de la société féodale jusqu'à la monarchie absolue. Elle est un spectacle complet qui doit donner une image cohérente du monde. Le divertissement à la cour de Versailles traduira un divorce entre la cour et la ville. Pourtant, la fête publique et la fête de palais sont complémentaires. La présence du théâtre se manifeste lors de l'entrée des souverains dans les villes : les spectacles de rue des corps de métier accompagnent les tableaux vivants à inspiration biblique. Bientôt le tournoi met l'accent sur l'élément romanesque. Les jeux s'accompagnent de fêtes de palais. Les spectacles peuvent durer plusieurs jours, et chaque soir a ses réjouissances différentes. Peu à peu la fantaisie et l'imagination donnent naissance à de véritables intrigues où l'aventure romanesque et la démarche politique sont mêlées. Ainsi en 1549, pour la réception à Binche par la régente Marie de Hongrie du prince Philippe d'Espagne, héritier des provinces des Pays-Bas. La cour de Bourgogne, vers la fin du Moyen Âge, avait été le premier foyer de ces fêtes de cour. Des équipes d'artistes et de techniciens ont mis tout leur talent dans les travaux éphémères qui, dans l'univers de la cour, firent la renommée de la fête baroque. La vie doit être fête et fête la vie, et c'est par la fête que la société paraît ce qu'elle voudrait être. De la musique partout, des masques, des images et de la lumière. La mise en scène des péripéties de l'action mêle un divertissement chorégraphique, un combat similé, un banquet somptueux. La mythologie et l'aventure sont les deux thèmes principaux. Quand le carrousel remplace le combat, le divertissement de cour réalise une union des arts : jeux guerriers et jeux de palais. Les lieux scéniques sont très variés et acteurs et spectateurs mêlés passent très naturellement des uns aux autres. Sur le thème de la délivrance d'un chevalier prisonnier d'une fée, on utilise un cortège de chars mythologiques, puis l'assaut est donné au palais avec des divertissements chorégraphiques ; ces chars sont en même temps des éléments de décor mobiles. Le divertissement évolue ensuite vers la scène, avec des changements de décors spécialement préparés. On arrive alors à la forme la plus théâtralisée des divertissements de cour. Les premiers décors étaient simultanés à la manière de ceux du Moyen Âge, puis on représenta des suites de tableaux vivants dans un décor unique. L'Italie, qui avait une longue tradition de fêtes princières, a donné dès le début du xvie siècle l'exemple de comédies associées aux fêtes, mariages et carnavals. Bientôt les princes invitèrent des troupes de comédiens professionnels. Le divertissement de cour entraîne l'aménagement d'une salle particulière, et l'élément décoratif est lui-même un élément de la fête. L'invention technique de génie est alors le décor en perspective qui devient synonyme de « scène à l'italienne ». Très vite, l'élément romanesque envahit la comédie et la mythologie se révèle indispensable au cours des intermèdes entre les actes. Les machines à jouer se développent, la féerie l'emporte. La Renaissance va se trouver aspirée par la magie du théâtre et va abandonner la nature pour l'illusion absolue. Dans la première partie du xviie siècle, les intermèdes, masques et danses, tendent à former un spectacle à part sans jamais cesser d'être un élément du divertissement de cour. En même temps la [...]
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Écrit par
- Armel MARIN : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression
Classification
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