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DIVINATION

La géomancie

Une aire de diffusion considérable

Aussi peu connue du grand public que l'extispicine, la géomancie – γ̂η, la terre, μαντεία, la divination –, à la différence de l'astrologie et de la cartomancie, a conservé, depuis la plus haute antiquité, des traditions divinatoires à peu près intactes et d'un profond intérêt pour l'histoire universelle des civilisations. Son aire de diffusion a été considérable puisqu'on la retrouve en Extrême-Orient, aux Indes, à Madagascar, en Afrique et en Amérique du Sud, comme à Byzance et en Europe où, à l'époque médiévale, on lui reconnaissait encore assez d'importance et de valeur pour justifier son enseignement en diverses universités, principalement à Padoue.

On attribue généralement aux Arabes son développement et son expansion. En revanche, on ne sait rien de précis sur son origine véritable. Peut-être n'a-t-on pas attaché toute l'attention nécessaire à la pratique de cette divination chez les Pygmées qui sont mentionnés, cependant, par le géomancien de Madagascar, parmi les maîtres qu'il invoque avant ses opérations.

On notera également que les techniques divinatoires qui procèdent par une progression de quatre (huit, seize, trente-deux, soixante-quatre) semblent plus anciennes que celles qui se rapportent à une progression de trois (six, douze, vingt-quatre). Les unes, selon le symbolisme traditionnel, se réfèrent au carré ou à la Terre ; les autres, au cercle ou au Ciel. La géomancie, comme la divination chinoise par le Yijing paraît se rattacher à des cultes chthoniens dont le sens et la portée demeurent encore inconnus mais qui pouvaient avoir quelque relation avec des rites de fertilité. Le nom donné par les Arabes à la géomancie Zarb el Raml, traduit en grec de Byzance par Krouein to Ramlion, signifie littéralement « frapper le sable », et cet acte, traditionnellement, devait s'effectuer avec le médius dont on connaît le symbolisme phallique universel. Il s'agit d'une opération rituelle d'ouverture de la « terre-mère » et l'on sait quels dangers magiques redoutables représentait ce rite dans les sociétés primitives.

Procédé divinatoire chez les Sara

On se reportera, de préférence, aux recherches fondamentales de R. Jaulin si l'on désire avoir quelque aperçu de l'analyse structurale de la géomancie, telle qu'elle est encore pratiquée dans la région du Tchad chez les Sara. Ce procédé divinatoire est constitué par la formation de seize figures distinctes qui correspondent à des arrangements, par groupes de quatre, de deux signes, pair ou impair. L'interprétation repose sur l'association de deux groupements de ces seize figures : l'un d’eux est donné par le hasard et l'analyse combinatoire montre qu'il peut compter 65 535 exemplaires particuliers ; l'autre est un étalon qui sert de canevas fixe et qui présente un tableau ordonné des seize figures radicales. Le premier est considéré comme le système « en activité », le second, comme le système « au repos ».

Le géomancien, se servant généralement du majeur de la main droite, trace quatre lignes parallèles formées de huit à quinze points dans le sable, rapidement et sans les compter. Afin de laisser au hasard la détermination de cette série de points, il arrive souvent que le devin demande à un assistant quelconque d'effectuer cette première opération. On compte alors les points de telle manière qu'en fin de ligne il n'en reste qu'un ou deux. On obtient ainsi une première figure composée de haut en bas d'une combinaison variable de quatre éléments, pairs ou impairs, superposés. On répète quatre fois cette opération qui produit les quatre figures appelées « mères » que l'on place de droite à gauche, par ordre de formation.

À partir de là, deux[...]

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  • : historien des sciences et des techniques, ingénieur conseil

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