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DĪWĀN, Hafiz de Chiraz Fiche de lecture

Cinq cents ghazals environ composent le Dīwān du poète persan Hāfiz (1320 env.-1389 ou 1390), mais il n'existe aucune copie de ce recueil datant de son vivant. Qu'il l'eût publié en 1368 n'est qu'une légende ; le nombre des poèmes diffère selon les manuscrits et s'amplifie avec le temps. D'origine arabe, le ghazal est, en littérature persane, le mode d'expression de la poésie lyrique, soit de l'amour, profane et mystique. Il compte cinq à douze distiques (groupes de deux vers) qui s'achèvent sur une même rime, les deux vers du premier rimant ensemble. Le dernier distique contient le pseudonyme du poète. Hāfiz et Sa‘dī sont les maîtres incontestés du ghazal à sa période dite classique (xiiie-xve siècle).

Différents niveaux de signification

Sujet permanent de recherche, l'interrogation majeure que suscite l'œuvre de Hāfiz est celle de sa lecture et de son interprétation. Les éléments biographiques qui permettraient d'éclairer la compréhension de l'œuvre sont pauvres. Quant à son analyse, dont on pourrait tirer ces renseignements, elle repose sur des textes incertains. Les Orientaux en font souvent une lecture mystique, les Occidentaux une lecture plus littérale, recherchant l'homme dans le contexte de son époque. On trouve en effet dans ses poèmes l'écho des différentes périodes de faveur ou de disgrâce qu'il connut : tolérance d'Abū Ishāq Īndū, orthodoxie et despotisme du Mozaffaride Mubariz al-Dīn, protection et défaveur alternées du prince de Chīrāz Shāh Shudjā‘.

De plus, l'unité des ghazals n'est pas toujours évidente. L'ordre des distiques diffère d'ailleurs selon les manuscrits, confusion favorisée par la rime unique et le sens complet de chaque distique. Certains y voient une unité de pensée, développée et tissée en images autour de quelques concepts centraux ; c'est peut-être aussi un héritage de la tradition poétique persane chantée.

Les thèmes de Hāfiz, l'amour, le vin, la destinée, le sens de la vie et de ce monde, sont parmi les plus courants de cette poésie ; la difficulté ne tient ni aux mots ni au style mais aux différents niveaux de signification que peut recouvrir son langage. Au-delà du sens littéral, sans doute celui de certains ghazals de jeunesse, les thèmes de la tradition érotique et bachique s'entendent aussi en un sens symbolique : il s'agit alors de l'Amour divin dans lequel s'anéantit l'Amant, et l'ivresse est l'extase mystique à laquelle accède le « libertin » qui affecte un comportement blâmable pour mieux dissimuler son visage intérieur. C'est par l'amour humain que l'initié approche la réalisation de l'Unité entre l'amour divin, l'amant et l'aimé, et cela par le moyen de la voie intérieure et individuelle (tarīqa), non de la loi religieuse (sharī‘a) ou des rituels pratiqués par les ascètes des confréries soufies.

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Écrit par

  • : chercheur, membre de l'U.M.R. Monde iranien du C.N.R.S., Paris

Classification

Autres références

  • ḤĀFIẒ DE CHĪRĀZ (1320 env.-env. 1389)

    • Écrit par
    • 1 273 mots
    Reconnaissons que si, dans une partie de l'œuvre de Ḥāfiẓ, le sens des mots est toujours clair et univoque, une autre partie du Dīvān est difficilement compréhensible pour un lecteur profane en raison de l'inspiration symbolique de l'auteur.