DJ (disc-jockey)
L’abréviation DJ a remplacé dans le langage courant le terme disc-jockey, qui désigne la personne chargée de sélectionner et de diffuser la musique dans les discothèques, à la radio ou lors d’événements festifs. Née à la radio américaine dans les années 1940, la profession s’est développée grâce à la généralisation du disque vinyle, notamment en Jamaïque, avant de connaître une importante croissance dans les années 1970 avec la mode du disco. Par la suite, la pratique de certains DJ américains a favorisé la création de la musique électronique et du rap, deux styles aujourd’hui prédominants des musiques populaires.
Le développement de la radio dans les années 1920 offre à la musique jouée en direct ou enregistrée une première occasion de diffusion de masse. Selon les Britanniques Bill Brewster et Frank Broughton, la première personne à pouvoir revendiquer le titre de DJ sur les ondes, même si le mot n'existe pas encore, est Martin Block qui, en 1934, est aux commandes d'une émission essentiellement consacrée à la diffusion de disques. Au début des années 1940, le terme disc-jockey voit le jour avec l'apparition de responsables de la diffusion et de la présentation des disques dans les stations. La profession se développe aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Les effets des sélections des programmateurs sur les ventes sont rapidement sensibles, et les premiers classements sont créés outre-Atlantique. Des liens se nouent avec des firmes de l’industrie du disque qui corrompent même parfois certains disc-jockeys afin qu’ils diffusent leurs titres. Cette pratique conduit au scandale dit de la payolaà la fin des années 1950 et va discréditer ceux qui ont bénéficié du système. C’est le cas de deux célèbres DJ de l’époque : Alan Freed et Dick Clark.
En parallèle, les DJ remplacent aussi peu à peu les orchestres dans les fêtes populaires de l’après-guerre et trouvent des opportunités pour se produire dans les discothèques naissantes. En 1947 s’ouvre à Paris le Whisky-a-gogo dont le juke-box fait le succès. Par la suite, Chez Castel, Le Privé et Jimmy's voient le jour en même temps que d'autres clubs new-yorkais et londoniens. Le métier reste toutefois peu reconnu et ceux qui l’exercent sont souvent assimilés au reste du personnel de l’établissement.
Les sound system de la Jamaïque
Le phénomène du remplacement des musiciens par des DJ va prendre une ampleur toute particulière à la Jamaïque dans les années 1950 avec des personnalités qui élaborent d’imposants systèmes de sonorisation mobiles équipés de puissants haut-parleurs appelés sound system. Ces discothèques ambulantes, principalement caractérisées d’un point de vue sonore par la mise en valeur du rythme grâce à l’accentuation des basses, intègrent rapidement le quotidien des Jamaïcains, en particulier celui des habitants des ghettos de la capitale, Kingston. La diffusion des disques ne constitue alors qu'une part du spectacle, les DJ posant leur voix sur les morceaux et modifiant le volume sonore pour amener le public à danser. Certains d’entre eux, dont le plus célèbre est U-Roy, deviendront chanteurs par la suite. Parmi les pionniers, Tom the Great Sebastian fait figure de star. Il est entouré de Duke Vin, son « sélecteur » qui choisit les disques, et de Winston « Count Machuki » Cooper qui parle pendant la diffusion du morceau à la manière des DJ des radios américaines. Deux grands futurs producteurs de reggae, Clement « Coxsone » Dodd à la tête du Sir Coxsone's Downbeat et Arthur « Duke » Reid avec le Trojan Sound possèdent plusieurs de ces discothèques mobiles et se produisent à différents endroits de Kingston. Il existe une rude compétition entre les sound system, chacun d’entre eux tentant de s’attirer les faveurs du public en passant les disques les plus dansants et[...]
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Écrit par
- Raphaël RICHARD : auteur et journaliste
Classification
Médias
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