DJAMĪL (660 env.-env. 701)
Poète arabe, Djamīl b. ‘Abd Allāh b. Ma‘mar al-‘Udhrī est un représentant exemplaire de la poésie d'amour ‘udhrite. Avant lui, les poètes n'abordent la poésie amoureuse que dans le prologue de la qaṣīda ; il crée la tradition littéraire des poèmes d'amour exprimant des sentiments chastes et idéalisés qui rappellent l'amour platonique des Grecs et annoncent l'amour courtois du Moyen Âge chrétien.
Djamīl passa son enfance dans le Ḥidjāz et le Nadjd. Il éprouve, dès sa première jeunesse, une passion amoureuse pour une femme de sa tribu, Buthayna. Il demande sa main à son père, qui, selon la coutume bédouine, donne Buthayna à un époux de son choix. Expulsé par sa tribu, le poète se rend en Égypte où il demeure jusqu'à sa mort. Il y compose quelques poèmes en l'honneur du gouverneur umayyade ‘Umar b. ‘Abd al-‘Aziz b. Marwān et des satires violentes contre le clan de Banū l-Aḥbāl auquel appartient le père de Buthayna, mais la majorité de ses poèmes expriment sa passion amoureuse. Pour Djamīl, l'amour est toute la vie et il le chante avec une infinie variété de tons : plainte d'un cœur meurtri, souvenir lumineux d'un passé lointain, nostalgie, désespoir. Pour lui, l'amour est une force de la nature à laquelle rien ne peut résister et il n'y a que la mort qui l'en délivrera. Au moment de rendre l'âme, il se souvient de Wādī l-Qurā, où il a connu Buthayna, dans des vers particulièrement touchants. On peut dire que l'art de Djamīl prend naissance dans le sentiment et tire de lui toutes ses raisons d'exister. Par sa chaleur et sa sensibilité, il est, parmi les poètes arabes de l'époque, celui qui parle le plus directement au cœur.
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Écrit par
- Sayed Attia ABUL NAGA : docteur ès lettres (Sorbonne), agrégé de l'Université, interprète à l'O.N.U., Genève
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