DJIBOUTI, ville
Djibouti-Ville abrite, au début du xxie siècle, 650 000 habitants, soit 75 p. 100 de la population du territoire. La capitale regroupe la majorité des cent mille étrangers « non déclarés » installés dans la république de Djibouti. La France prit possession, en 1862, de la rive nord du golfe de Tadjoura. Lagarde, gouverneur de la colonie d'Obock, transféra, en 1894, le chef-lieu, au sud du golfe, à Djibouti qui devint, en 1896, la capitale de la Côte française des Somalis. La ville, où l'on accède facilement à la nappe phréatique, a grandi avec la construction (1897-1917) de la voie ferrée vers Addis-Abeba. Les emplois offerts par le chemin de fer, le port et les services commerciaux et domestiques puis l'exploitation des marais salants ont attiré la main-d'œuvre des deux rives de la mer Rouge (la ville comptait 18 700 hab. en 1938). À l'est du port, la ville européenne, quadrillée autour de la place Lagarde, a investi les plateaux du Serpent, du Marabout et du Héron, réunis par des digues, tandis qu'à l'ouest, les quartiers (bidonvilles) occupent les plages, les marais salants abandonnés et les lits d'oued (tel celui d'Ambouli devenu le nom d'un quartier). Peuplée de 41 000 habitants (dont 5 000 « étrangers »), la ville subit, ensuite, l'afflux des « indigènes » dans les quartiers, menacés par les oueds et les marées ; les autorités françaises, inquiètes, les séparèrent de la ville « européenne » par des barbelés. La révolution en Éthiopie et les troubles en Somalie amenèrent des milliers de réfugiés à Djibouti, dont la population atteignit 350 000 habitants en 1990 et 406 000 en 1995. Autorités, O.N.G. et Union européenne ont entrepris d'assainir et de réhabiliter les quartiers (tel Balaballa). Le gouvernement construit des équipements qui montrent ses ambitions : lycée, université, hôpital, aéroport, Internet et le nouveau port d'éclatement régional de Doraleh (pétrole et conteneurs), aménagé par la Dubaï World Port. Bases française et américaine contribuent largement au commerce de la ville et au budget de l'État.
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Écrit par
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
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Médias