DJIBOUTI
Nom officiel | République de Djibouti (DJ) |
Chef de l'État et du gouvernement | Ismaël Omar Guelleh (depuis le 8 mai 1999). Premier ministre : Abdoulkader Kamil Mohamed (depuis le 1er avril 2013) |
Capitale | Djibouti |
Langues officielles | Arabe, français |
Unité monétaire | Franc de Djibouti (DJF) |
Population (estim.) |
1 052 000 (2024) |
Superficie |
23 000 km²
|
La république de Djibouti indépendante
« Sauvegarder la paix, l'unité et l'égalité dans la Communauté du peuple de la république de Djibouti », proclamait le président Hassan Gouled lors des cérémonies de l'indépendance du pays. Pourtant, ces principes furent bafoués tout au long de sa longue présidence (1977-1999), poussant les Afar à prendre les armes pour défendre leurs droits (1991-1994). Il revint au successeur de Hassan Gouled, Ismaël Omar Guelleh, élu en 1999, et réélu en 2005, de poursuivre l'œuvre de réconciliation nationale et d'engager des réformes pour soutenir le développement et lutter contre la pauvreté.
La vie politique
La lente mise en place des institutions
Malgré les efforts pour intégrer toutes les composantes ethniques du pays, et pour mettre aux commandes de l'État un Issa – le président Gouled – alors que la formation du premier gouvernement (15 juillet 1977) était placée sous la responsabilité d'un Afar – Ahmed Dini –, l'équilibre recherché ne résista pas à l'épreuve du pouvoir. Divers incidents (à la suite de l'attentat, en décembre 1977, du café Le Palmier en Zinc fréquenté par des Français, la répression s'abat sur les Afar) conduisirent Ahmed Dini à démissionner de son poste de Premier ministre le 17 décembre 1977, entraînant le départ de quatre membres afar du gouvernement. Par décret du 20 décembre, le Mouvement populaire de libération nouvellement créé par Ahmed Dini et entré dans l'opposition était dissous. Les jeunes Afar prirent alors le maquis ou s'expatrièrent, notamment en Éthiopie. De nombreuses arrestations aggravèrent les tensions. La crise politique ouverte se prolongea durant dix mois jusqu'à ce que le chef de l'État nomme Barkat Gourad Hamadou comme Premier ministre, un Afar manifestant un indéfectible attachement au régime et qui conservera son portefeuille jusqu'en février 2001.
Au nom de l'unité nationale et de la paix sociale, la « présidentialisation » du régime se confirmait. Le 4 mars 1979 était instauré le parti unique, baptisé Rassemblement populaire pour le progrès (R.P.P.) : nul ne pouvait briguer un mandat politique ou un poste de responsabilité s'il n'obtenait pas auparavant l'investiture du parti. Le droit d'expression fut limité, les réunions publiques interdites. La personnalité de plus en plus autoritaire du président Gouled, réélu en 1981, s'affirma et, à travers lui, l'influence dominante du groupe issa s'accrut. Ahmed Dini relança l'action politique en créant et en s'appuyant sur un parti clandestin, le Parti populaire djiboutien ; il dénonça ouvertement le « pouvoir de domination ethnique » mis en place, avant de connaître la prison, puis l'exil.
La réélection triomphale de Gouled, en 1987, avec près de 91 p. 100 des suffrages exprimés, fut sans surprise (seul candidat), tout comme le scrutin destiné à renouveler l'Assemblée nationale, fermée à toute opposition. Ainsi se trouvait perpétué un système d'immobilisme politique. La répression se fit plus sévère contre les figures marquantes de l'opposition (Ahmed Dini, Ismaïl Ibrahim qui deviendra le porte-parole de l'Union des mouvements démocratiques, créé en mars 1990 en exil, à Paris). Ne pouvant plus s'exprimer librement, les opposants empruntèrent d'autres voies pour déstabiliser le régime. Dès avant la réélection de Gouled, en janvier 1986, un groupe s'attaqua au local du R.P.P., symbole de la politique intérieur d'autorité ; les attentats du 18 mars 1987 contre le café L'Historil fréquenté par des Européens – onze morts –, et du 27 septembre 1990 contre le Café de Paris, visaient autant les intérêts français que le régime en place. Un coup d'État tenta, en vain, de renverser le régime autoritaire du président Gouled le 7 janvier 1991.[...]
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Écrit par
- Colette DUBOIS : professeur des Universités
- Alain GASCON : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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