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DJOUBA ou JUBA

Djouba (Juba) est la capitale du Soudan du Sud, et celle de l'État sud-soudanais d'Equatoria-Central. Construite dans une région de plateaux à polyculture pluviale, sur la rive gauche du Nil Blanc, Djouba est peuplée de 250 000 à 350 000 habitants (estimation de 2012).

Tirant son nom d'une tribu des Bari (un peuple nilotique), Djouba est d'abord un modeste poste administratif et commercial dans la province de l'Equatoria occupée par les troupes égyptiennes après 1871. Les dissensions entre le nord et le sud du Soudan apparaissent lors d'une conférence, réunie par les Britanniques en 1947, pour envisager l'avenir du condominium anglo-égyptien. Après l'indépendance du Soudan, obtenue en 1956, Djouba sert à la fois de point d'appui à l'armée régulière qui réprime les mutineries séparatistes au sud lors de la première guerre civile soudanaise (1955-1972) et de centre d'emprisonnement des communistes soudanais, adversaires de la dictature militaire du général Abboud (1958-1964). À la suite des accords d'Addis-Abeba (1972), par lesquels Khartoum reconnaît l'autonomie de l'État du Sud-Soudan, Djouba accueille un Haut-Conseil exécutif et l'Assemblée régionale. Puis la signature des accords de paix en 2005, qui ont mis fin à la seconde guerre civile soudanaise, installe à Djouba le gouvernement autonome dirigé par le Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (M./A.P.L.S.). Enfin, en juillet 2011, la ville devient la capitale du Soudan du Sud qui vient de proclamer son indépendance.

Protégée des incursions soudanaises par les marais du Sudd, Djouba est reliée par des pistes à la république démocratique du Congo, à l'Ouganda et au Kenya et, au-delà de la région, par un aéroport international. La ville, qui possède le seul pont routier sur le Nil, est difficilement accessible pendant la saison des pluies (avril-octobre). Les guerres civiles ont précipité dans la capitale, longtemps marché agricole et poste administratif, des milliers de déplacés, attirés par la relative sécurité de la ville et par les retombées de l'aide internationale. L'implantation des O.N.G. et des agences humanitaires y offre des emplois informels, mais elle est aussi à l'origine de trafics et de corruption.

Djouba est un agrégat de villas, d'hôtels, de baraques et de camps de réfugiés. Elle abrite désormais les administrations de l'État, deux universités (nationale et catholique), deux archevêchés (catholique et anglican) et une seule industrie, une brasserie fondée par un Sud-Africain. Face à la croissance désordonnée de Djouba, le gouvernement envisage de déménager à 240 kilomètres au nord sur le Nil, à la limite des États des Lacs et de l'Equatoria-Central, et des territoires des Bari et des Dinka.

— Alain GASCON

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Écrit par

  • : professeur des Universités, Institut français de géopolitique de l'université de Paris-VIII, membre du Centre d'études africaines, C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales

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  • SOUDAN DU SUD

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    Parmi les dix États qui forment le Soudan du Sud, le plus densément peuplé est l' Equatoria-Central, où se trouve la capitale Djouba (Juba). Même si l'exode rural a gonflé la population des villes, notamment Djouba, environ 80 % des Sud-Soudanais vivent dans les campagnes. Étant donné la défaillance...