MEREJKOVSKI DMITRI SERGUEÏEVITCH (1866-1941)
Né à Saint-Pétersbourg, mort à Paris, Merejkovski peut être considéré, avec le philosophe V. Soloviev, comme le père du symbolisme russe. En 1893, dans son essai sur Les Causes de la décadence de la littérature russe, il prend parti contre le réalisme et ce qu'il appelle « matérialisme artistique ». Il soutient que la littérature russe ne connaîtra de renouveau que dans l'affirmation du primat de l'esprit.
La vision symboliste du monde est ici dotée d'une forte charge religieuse et s'identifie, dans l'activité d'écriture de Merejkovski, à une quête de l'esprit chrétien authentique. La lutte entre Dieu et Diable, entre christianisme et paganisme traverse ainsi tous les domaines dans lesquels Merejkovski a œuvré : l'essai littéraire (L'Âme de Dostoïevski, Gogol et le Diable, Le Mufle-Roi, etc.), l'essai historique (Les Mystères de l'Orient, Luther, Calvin, Napoléon, etc.), le poème épique (Saint François d'Assise), le théâtre (Paul Ier), la poésie (Les Symboles), le roman (notamment deux trilogies, la première intitulée Christ et Antéchrist et composée de Julien l'Apostat, Le Roman de Léonard de Vinci, Pierre et Alexis ; la seconde de Paul Ier, Alexandre Ier, Quatorze Décembre).
L'admiration manifestée par Merejkovski dans ce dernier roman pour le courage des rebelles de décembre 1825 et qui va de pair avec la dénonciation de la bestialité de Nicolas Ier ainsi que d'autres autocrates comme Pierre et Alexis, ne signifie nullement que l'auteur se réjouisse des bouleversements de 1917. Au contraire, il accueille la révolution d'Octobre avec hostilité, et en 1920 émigre vers la France.
Par la figuration nuancée des contradictions inhérentes au personnage, Le Roman de Léonard de Vinci est sans doute le sommet d'une abondante production, dont la qualité artistique laisse dans l'ensemble insatisfait. La réduction romantique des réalités sociales à la scène des grands hommes et la vision manichéenne de l'histoire ne sont probablement pas étrangères au malaise du lecteur, souvent ballotté entre l'imprécation et le dithyrambe.
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Écrit par
- Marc WEINSTEIN : professeur agrégé de russe, ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud
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RUSSIE (Arts et culture) - La littérature
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...fêté ; sa maison de Grasse est aujourd'hui un musée. Remizov, grâce à l'amitié de Jean Paulhan, fut révélé aux lecteurs de la NRF. Mais c'est sans doute Merejkovski qui fut le plus traduit : ses romans historiosophiques (Dante, Paul et Augustin, Jeanne d'Arc) passaient aisément la frontière des langues.... -
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