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MONROE DOCTRINE DE

Le fondement de l'impérialisme des États-Unis (1895-1970)

Le tournant du xxe siècle inaugure une ère nouvelle dans l'interprétation de la doctrine. Désormais, la puissance américaine est fortement assise, la conquête du continent est terminée, la Frontière a disparu. Le monde est livré aux grandes puissances. Dans ce contexte nouveau, la doctrine de Monroe se mue en une forme d'impérialisme au profit des États-Unis.

La première manifestation en est le conflit hispano-américain de 1898 qui se termine au traité de Paris (10 décembre 1898) par la cession aux États-Unis de Cuba et de Porto Rico, ce qui donne à la puissance américaine une position prépondérante dans les Caraïbes. Théodore Roosevelt tira les conséquences de cette situation nouvelle dans son message du 6 décembre 1904, ou corollaire Roosevelt à la doctrine de Monroe, en soutenant que, dans l'hémisphère occidental, l'adhésion des États-Unis à la doctrine de Monroe pouvait les forcer, malgré eux, à intervenir dans les affaires d'un autre État américain et à exercer des pouvoirs internationaux de police. C'était ouvrir la voie à une politique qualifiée officiellement de « panaméricaine », mais qui, sous le couvert de la doctrine de Monroe, assurait la défense des intérêts nord-américains sur le continent. Ainsi Roosevelt appliqua la politique du big stick (politique du gros bâton) à l'encontre de la république Dominicaine, tandis que son successeur R. Taft préféra l'expression et les méthodes de la « diplomatie du dollar », et que Woodrow Wilson opta pour les pratiques du « bon voisinage ». Sous ces diverses appellations, avec des méthodes différentes, c'était toujours la même politique d'intervention à l'encontre de régimes peu appréciés du gouvernement des États-Unis. Cette tendance se maintint tout au long du xxe siècle, avec des fortunes diverses, cependant que les républiques sud-américaines prenaient davantage conscience de leur identité et que s'affirmait leur nationalisme. La doctrine de Monroe fut sévèrement remise en cause quand le régime de Batista à Cuba fut renversé en 1959 et que Fidel Castro y établit une démocratie populaire ; le conflit s'aggrava lorsque l'U.R.S.S. mit en place des bases de missiles dans l'île (1962). Bien que ces bases aient été supprimées, le régime de Fidel Castro, hostile aux États-Unis, demeura en place.

L'extension des principes inclus dans le corollaire Roosevelt fournit une dernière interprétation de la doctrine : l'hémisphère occidental, c'était non seulement les deux Amériques, mais aussi des positions avancées dans l'Atlantique et le Pacifique et destinées à la défense du continent. Par là s'explique, en partie, la participation des États-Unis à la Première Guerre mondiale, car les sous-marins allemands venaient croiser au large des côtes américaines, et davantage encore l'entrée en guerre contre les puissances de l'Axe, entre 1941 et 1945 : leurs ambitions menaçaient l'intégrité de l'hémisphère occidental.

Depuis son énonciation, en 1823, la doctrine de Monroe a connu des interprétations variées. Il ne fait pas de doute que son champ d'application n'a cessé de s'élargir en s'adaptant à des circonstances changeantes, sans qu'elle perde jamais de son efficacité. Les événements récents sur le continent américain montrent cependant qu'elle se heurte à une opposition croissante, ce qui remet en question la position dominante des États-Unis parmi les autres républiques américaines.

— Claude FOHLEN

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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James Monroe, président des Etats-Unis - crédits : Library of Congress, Washington D.C.

James Monroe, président des Etats-Unis

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