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DOGME

Signification des dogmes

Le dogme, comme la parole divine elle-même et la théologie qui en recherche l'intelligence, a une valeur intellectuelle réelle, même si cet aspect est à entendre de façon moins rigidement intellectualiste qu'on ne l'a fait parfois. La certitude de foi est non seulement confiance, mais connaissance. Quand il s'agit de Dieu et de tout ce qui touche à Dieu, la connaissance n'est jamais qu'une connaissance pauvre, susceptible d'une critique « négative », c'est-à-dire rejetant le mode humain imparfait de l'expression. Ce caractère balbutiant concerne la foi elle-même, la théologie, et finalement le dogme, qui n'est jamais qu'un discours humain, inadéquat et cependant vrai. Humain, il est aussi dépendant du temps où il a été élaboré, et il est classique d'insister sur le fait qu'en utilisant tel terme l'Église le reprend selon sa signification universelle et sans canoniser tel système particulier (« natures », « substance »). Mais on était d'autant plus soucieux de souligner ce fait que l'on considérait un peu trop les formules comme immuables en elles-mêmes, alors qu'il est préférable de reconnaître qu'elles peuvent être, à certaines conditions, remplacées par d'autres.

On est passé, en ce domaine, de la conception fixiste d'un dogme immuable à la considération d'une certaine évolution. Celle-ci a d'abord été conçue de manière trop étroitement logique : explicitation d'un contenu de pensée, puis, comme on l'a vu, de manière organique. Il est bon d'insister sur l'homogénéité, la fidélité de ce développement par rapport au donné initial et de les opposer à certaines conceptions évolutionnistes. Toutefois cela ne doit pas faire méconnaître le rôle de l'histoire profane dans ce processus, et plus généralement celui de la vie de l'Église dans le monde dont elle fait partie : de l'homme vivant dans cette histoire viennent les questions qui, sans cesse, réinterrogent l'Évangile et provoquent de nouveaux efforts de la réflexion chrétienne. Surtout, cela ne doit pas conduire à une vue apologétique du développement homogène progressif du dogme chrétien, incluant à chaque étape le fruit entier de ses acquisitions antérieures. Le processus est plus complexe, fait de recherches, d'oublis, de redécouvertes ; il y a des développements en des sens divers. À toute époque il faut reprendre le message en fonction de ce qu'on est, il faut donc réinterpréter le passé, avec les risques que cela comporte. Le penser et l'exprimer – qu'il s'agisse de théologie ou de dogme – c'est lui donner des structures nouvelles avec les ressources philosophiques et culturelles du temps. Cela suppose, dans la fidélité non seulement à l'essentiel, mais même à l'exemple normatif des élaborations du passé, une nouvelle formulation. « Autre chose est le dépôt même ou les vérités de la foi, autre chose la façon selon laquelle ces vérités sont exprimées, à condition toutefois d'en sauvegarder le sens et la signification » (Vatican II, L'Église dans le monde de ce temps, no 62, reprenant le discours de Jean XXIII du 11 oct. 1962).

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Écrit par

  • : docteur en théologie, dominicain, directeur du centre de formation théologique du Saulchoir, directeur de la revue La Vie spirituelle

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