DOGON
Cadres sociaux
La famille étendue, ou ginna, se compose de tous les descendants d'un même ancêtre en ligne masculine. Chaque ginna possède collectivement un ensemble de maisons et de champs dont la propriété est inaliénable. Ces biens sont gérés par l'homme le plus âgé qui habite la grande maison, symbole de la lignée, la femme appartient au ginna de son mari, et l'enfant à celui de son père.
Au point de vue politique, avant l'arrivée des Européens, le hogon, chef religieux de tous les Dogon, présidait le conseil des vieillards qui gérait les affaires publiques. Son autorité, morale et religieuse, ne s'appuyait pas sur la force. Il rendait la justice, les sanctions allant de l'amende au bannissement à vie.
Des groupes sociaux, opposés et complémentaires, donnent forme à la société dogon : initiés et non-initiés, hommes et femmes, groupes d'âge, cultivateurs et gens dits « castés ». Les classes d'âge sont composées de garçons ayant subi ensemble la circoncision et qui, de ce fait, sont tenus à s'entraider pendant toute leur vie. Depuis cette cérémonie jusqu'après leur mariage, une maison leur est réservée au village. Les filles vivent de la même façon.
Les castes sont formées de tous ceux qui ne cultivent pas la terre : griots, artisans du fer, du bois, du cuir. Les relations sexuelles avec les membres du groupe des cultivateurs leur sont interdites. Ils habitent des quartiers séparés, se marient entre eux et sont organisés en familles étendues comme les autres Dogon. La mythologie explique l'origine des castes : ainsi le premier forgeron, descendu du ciel dans le grenier céleste, fit pénétrer dans la terre une partie de ses forces afin de la préparer aux moissons, rendues possibles grâce aux outils qu'il fabrique. Il a donc transmis à ses descendants une force vitale amoindrie par rapport à celle des autres Dogon. Mais il peut la reconquérir, à titre personnel, par l'exercice même de son métier, en frappant quotidiennement la terre de sa masse. Ainsi, chez les Dogon, tout est expliqué par la mythologie, dont les conséquences informent tous les actes de l'homme, aussi bien que le rituel.
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Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
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