DOGON
Sculpture
La sculpture dogon, masques et statuettes, est avant tout rituelle. Les statuettes conservées dans des sanctuaires familiaux représentent des ancêtres ou des êtres mythiques. Certaines d'entre elles, les plus anciennes probablement, ont été trouvées à demi enfouies dans des grottes, couvertes d'un dépôt rougeâtre épais, sang d'animaux sacrifiés. Les Dogon les attribuent aux Tellem, leurs prédécesseurs dans les falaises de Bandiagara, bien que la similitude de leur style avec les œuvres plus récentes indique une origine dogon. La diversité des formes est remarquable : ancêtre féminin traité de façon réaliste, sans rigidité, le visage témoignant de la pensée ; Nommo bisexué, les bras haut dressés, monté sur son cheval ; vieillard dont la métamorphose en serpent est indiquée par l'aspect onduleux du bois choisi par l'artiste. La force et la vie de la sculpture dogon traduisent celles de la mythologie et du rituel. Ces statuettes en bois sont l'œuvre des forgerons, qui en font aussi de plus abstraites, en fer, aux bras sans articulations comme l'étaient, selon le mythe, ceux des premiers êtres avant leur chute sur la terre.
Les masques, au contraire, ne sont pas faits par des spécialistes, mais par ceux qui les portent, à l'occasion de cérémonies comme les levées de deuil. La face est simplifiée à l'extrême, inscrite dans un rectangle coupé par la saillie verticale du nez. Ils sont parfois surmontés de cimiers, dont le plus connu est une sorte de croix de Lorraine à valeur symbolique. Chaque masque est complété par un costume achevant de caractériser le personnage mythologique représenté par le danseur. La sortie des masques est une espèce de grand ballet dramatique, qui rappelle aux Dogon la conception précise et complète du monde que leur transmettent les générations précédentes.
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Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
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Médias
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