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Le clonage pour l’élevage : dans quel but ?
La réalité biologique du clonage comme technique compatible avec l’obtention d’animaux adultes et fertiles et permettant la multiplication plus rapide des meilleurs reproducteurs s’est imposée peu à peu avec des succès obtenus sur une trentaine d’espèces. Toutefois, le nombre d’animaux clonés dans le monde reste faible : quelques milliers de bovins, quelques centaines de porcs, quelques dizaines de moutons et de chevaux...
Pourtant, des risques spécifiques associés à la consommation par l’homme de produits issus d’animaux clonés sont écartés depuis la publication de synthèses scientifiques détaillées en 2008 par l’Agence des produits alimentaires et médicamenteux américaine (F.D.A. ; Food and Drug Administration) puis, en 2010, par l’Agence européenne de sécurité alimentaire (E.F.S.A. ; European Food Safety Authority). Mais, deux critiques majeures sur un développement du clonage animal subsistent.
La première critique, portée par les associations de consommateurs, est l’absence apparente d’intérêt du clonage pour la production de produits alimentaires de qualité. Deux enquêtes coordonnées par la Direction générale de la communication de l’Union européenne (2008 et 2010) montrent en effet que, pour la majorité des citoyens européens, le clonage est moralement mauvais (61 p. 100 des réponses), ses effets à long terme sur la nature ne sont pas connus (84 p. 100) et la crainte que le développement de la technique chez les animaux conduise à son extension à l’homme est réelle (77 p. 100). Les professionnels de l’élevage ont toutefois une attitude plus nuancée.
La seconde critique, mise en avant par les associations de défense des animaux, concerne le bien-être animal. En effet, la technique du clonage augmente la mortalité périnatale et induit des souffrances pour la mère porteuse en fin de gestation et à la mise bas. Le constat est que, quelle que soit l’espèce, 5 à 10 p. 100 seulement des embryons clonés donnent naissance, après transplantation dans une femelle porteuse, à un animal viable, même si pour certaines espèces ce taux peut être plus élevé (jusqu’à 25 à 30 p. 100 pour les bovins). Ce ne sont pas tant les anomalies génétiques du développement qui expliquent la faible efficacité du clonage que le constat fréquent de l’apparition progressive, au cours de la gestation, de dysfonctionnements entre le fœtus et le placenta à l’origine d’un surpoids important à la naissance (jusqu’à 90 kg au lieu de 45 kg pour un veau), d’une hyperactivité cardiaque, d’une hypertension associée à un mauvais fonctionnement des reins. On ne sait pas encore comment prévenir ces perturbations physiologiques dont l’origine est épigénétique, c'est-à-dire que ce sont les mécanismes moléculaires qui régulent l’expression des gènes, et non les gènes eux-mêmes qui sont perturbés.
Les réponses à ces deux critiques sont devenues un enjeu politique. Alors que les États-Unis ont décidé en 2008 que les produits issus d’animaux clonés et de leurs descendants (issus de reproduction sexuée) pouvaient être commercialisés, y compris dans le cadre des accords internationaux de commerce, le Parlement européen a amendé la même année une proposition de règlement afin d’interdire leur mise sur le marché.
En 2015, l'Union européenne, contrairement aux États-Unis, n'autorise toujours pas la pratique du clonage animal à des fins agricoles et interdit non seulement l’importation d'animaux clonés mais aussi celle de leurs descendants. Le clonage est ainsi devenu une pierre d’achoppement au sein même de l'Organisation mondiale du commerce (O.M.C.).
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Écrit par
- Jean-Paul RENARD : directeur de recherche honoraire de l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académie d'agriculture de France
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