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DESCHAMPS dom (1716-1774)

Bénédictin français, né à Rennes, Léger Marie Deschamps semble avoir mené une vie tranquille, comme procureur du petit monastère bénédictin de Montreuil-Bellay, près de Saumur. L'événement le plus marquant de sa vie est sans doute, après 1760, la rencontre d'un protecteur et ami, bientôt d'un disciple, en la personne du marquis de Voyer, fils du comte d'Argenson, lui-même poète et philosophe. En 1761, Deschamps commence un échange de correspondance avec Rousseau, interrompu par la condamnation de L'Émile et par l'exil de ce dernier. Mais il reste en relation avec les « Philosophes », dont les plus avisés voient bien ce que son système a d'incompatible avec la nouvelle philosophie. Il meurt muni des derniers sacrements. Les études récentes sur Deschamps (cf. notamment J. Wahl, « Présentation de lettres et d'inédits de dom Deschamps », in Revue de métaphysique et de morale, no 3, juill.-sept. 1964) ont révélé en lui un des plus profonds métaphysiciens du xviiie siècle, auteur d'une dialectique du relatif, de l'absolu positif, de l'absolu négatif, provenant d'une interprétation analogique du dogme chrétien de la Trinité ; au Tout, absolu positif, s'oppose Tout, éparpillement, rupture, aussi bien dans le domaine métaphysique que dans les domaines moral et social. L'anarchisme révolutionnaire de Deschamps prend dès lors une dimension cosmique, qui souligne l'écart entre les positions idéologiques des « Philosophes » et leur doctrine sociale. Dom Deschamps est un théoricien communiste, aussi violent et résolu que Jean Meslier, mais plus habile au maniement du vocabulaire philosophique.

— Jean-Robert ARMOGATHE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses

Classification

Autres références

  • PANTHÉISME

    • Écrit par
    • 7 628 mots
    ...lui, mais subjugués par son intuition moniste, aient tenté ce qu'on pourrait appeler une révision du panthéisme. On peut songer notamment à dom Deschamps (bénédictin français du xviiie siècle, qui établit la continuité entre Spinoza et Hegel), à Schelling et enfin à Hegel lui-même.
  • SPINOZA BARUCH (1632-1677)

    • Écrit par
    • 12 159 mots
    • 1 média
    ...xviiie siècle produit des religieux bien originaux : après le curé de campagne Meslier, athée ayant médité Spinoza, voici le bénédictin dom Deschamps ; son panthéisme préhégélien est logique, mais sa philosophie du Tout est, en secret, directement inspirée du spinozisme, comme le démontre...