PÉRIGLACIAIRE DOMAINE
Le domaine périglaciaire fait partie des régions froides caractérisées par un bilan radiatif fortement négatif. L'atmosphère y cède plus de chaleur qu'elle n'en reçoit des diverses formes de rayonnement. Sous les hautes latitudes, cette situation résulte de l'absence de rayonnement solaire pendant la longue nuit polaire, tandis que la faible hauteur du Soleil estival au-dessus de l'horizon limite leur apport thermique, en raison de la forte épaisseur de la couche d'air à traverser et de leur étalement sur de grandes surfaces. Dans les hautes altitudes, le froid tient à la réduction de l'absorption du rayonnement solaire causée par la raréfaction et l'assèchement de l'air. La décroissance de la température avec l'altitude s'exprime par un gradient thermique de 0,6 à 0,7 0C par 100 mètres d'élévation jusqu'à la tropopause. Dans les deux cas, il faut aussi mettre en cause les pertes d'énergie par réflexion sur la glace et la neige, qui peuvent dépasser 95 p. 100 du rayonnement solaire.
Le froid constitue l'élément climatique dont les effets, directs ou indirects, sont les plus décisifs sur la morphogenèse et les aspects du relief de ce domaine. Il doit son qualificatif de « périglaciaire », proposé en 1909 par von Łoziński, à sa localisation généralement en marge des régions englacées des hautes latitudes et des montagnes élevées, c'est-à-dire en deçà de la limite des neiges permanentes. À l'opposé, la lisière septentrionale de la forêt boréale de conifères sépare approximativement les premières du domaine tempéré des moyennes latitudes, alors que les secondes sont bornées par la limite supérieure des forêts de l'étage subalpin.
Dans ces limites, le domaine périglaciaire actuel englobe environ 18 p. 100 des terres émergées. Outre les étages périglaciaires de montagne, il s'étend essentiellement sur les grands archipels et les vastes masses continentales des hautes latitudes de l'hémisphère Nord. Dans l'hémisphère Sud, maritime, il ne concerne que les petites îles perdues au milieu des océans et les rares portions déglacées de l'Antarctique.
Mais le domaine périglaciaire a connu une extension plus considérable à la faveur des glaciations quaternaires. On estime à plus de 10 millions de kilomètres carrés ses gains réalisés alors aux dépens du domaine tempéré, dont le modelé du relief apparaît fondamentalement hérité des périodes froides les plus récentes (cf. domainetempéré). Les recherches effectuées dans les régions périglaciaires actuelles aident ainsi à la compréhension du façonnement du relief des pays tempérés.
Les climats du domaine périglaciaire actuel
Les régions de climat périglaciaire sont caractérisées par un hiver long et accentué et par une période de dégel court et limité. La présence de cette période de dégel permet de les séparer des régions de climat proprement glaciaire, sans dégel significatif, tandis que le caractère peu marqué de l'été les oppose aux régions « continentales » à hivers froids, mais à étés plus nets (cf. milieux polaires).
Climats périglaciaires des hautes latitudes
C'est évidemment la latitude qui est la première responsable des traits de ces climats. L'hiver, le rayonnement solaire est très faible. La plupart des régions périglaciaires sont situées au-delà des cercles polaires. Il y a donc au moins quelques nuits de vingt-quatre heures, et de longues semaines où les jours sont réduits à quelques heures. En été, au contraire, les jours sont très longs, mais l'échauffement reste limité car le Soleil ne monte pas haut sur l'horizon. Ses rayons sont donc obliques, et ils traversent une grande épaisseur d'atmosphère avant d'atteindre le sol. Les circulations atmosphérique et océanique interviennent surtout pour apporter quelques nuances à l'intérieur[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias
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