Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PÉRIGLACIAIRE DOMAINE

Les types de régions périglaciaires

Selon les variantes présentées par les climats froids et les divers systèmes morphogéniques correspondants, des associations différentes de ces formes et de ces modelés permettent de caractériser des types de régions périglaciaires. On définira les principaux d'entre eux.

Désert de gélifraction

Le désert de gélifraction ( barren grounds) se caractérise par un climat très froid et sec, d'où l'insignifiance de la végétation. La sécheresse limite aussi l'efficacité de la gélifraction saisonnière, comme celle de la gélifluxion et du ruissellement. L'attaque des roches cohérentes bénéficie peut-être des grandes amplitudes thermiques diurnes favorables à leur fissuration. Quant au transport des débris sur les versants, il semble s'opérer principalement par gravité.

Comme dans tous les déserts, à cette lente morphogenèse s'ajoutent les effets d'actions éoliennes intenses, à la faveur de la fréquence des vents violents, de la sécheresse, de la longueur du gel et de la dénudation du paysage. D'où l'étendue des champs de pierres et des nappes nivéo-éoliennes, l'abondance relative des dunes et la multiplicité des marques de la corrasion sur les affleurements rocheux et leurs débris. De vastes plaines d'accumulation fluviatile, étalées dans les cours inférieurs des grands fleuves arctiques, permettent aussi l'épanouissement de toute la gamme des formes de la cryoturbation et du cryokarst.

Les rares secteurs de l'Antarctique libres de glace et, surtout, les marges sibérienne et nord-américaine de l'océan Arctique, avec les archipels qui les prolongent, appartiennent à ce type désertique.

Toundras

Les régions de toundras correspondent à des climats moins rudes et relativement plus humides. Les parois rocheuses, dénudées, y subissent les attaques d'une gélifraction active, notamment dans les régions à alternances gel-dégel nombreuses. Mais la présence d'une végétation y atténue généralement l'efficacité des processus morphogéniques, en particulier du vent et du ruissellement. Cette action inhibitrice est plus ou moins accusée selon les caractéristiques thermiques et hydriques de ces régions.

Au point de vue morphodynamique, on peut distinguer deux types majeurs de toundras, principalement en fonction de l'existence ou de l'absence d'un pergélisol. La toundra avec pergélisol représente, sans doute, le type de milieu périglaciaire le mieux diversifié par ses modelés et ses formes, en raison des multiples combinaisons réalisées entre la gélifraction, la gélifluxion, la cryoturbation et le cryokarst, selon les conditions locales (Alaska, nord de l'Alberta, nord-est du Spitzberg). La toundra sans pergélisol signale des climats relativement plus doux et plus humides (sud-ouest de l'Islande et du Groenland, îles australes). Elle se caractérise par une gélifraction active due à la fréquence des alternances gel-dégel, tandis que la forte humidité développe la solifluxion et permet un certain ruissellement. Dans les deux cas, des variantes plus sèches, à formations végétales ouvertes, se caractérisent aussi par le développement des actions éoliennes (nord-est de l'Islande, terre de Peary, Alaska).

Étages périglaciaires

Les étages périglaciaires des montagnes illustrent des types de milieux morphoclimatiques très originaux, en raison des modifications imposées au climat et à la dynamique des versants par le relief. Ainsi, la raideur des pentes intensifie l'activité des ruissellements diffus et des torrents. L'ablation et la dissection résultantes, avec le froid, contrarient le développement des sols et de la végétation. D'où l'importance décisive des actions mécaniques, encore accrue localement par les conditions défavorables au maintien d'une couverture de neige. Enfin, la variabilité de l'exposition multiplie[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Médias

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord - crédits : Encyclopædia Universalis France

Domaine périglaciaire dans l'hémisphère Nord

Versant de gélifraction dans les calcaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Versant de gélifraction dans les calcaires

Autres références

  • ALASKA

    • Écrit par et
    • 6 048 mots
    • 10 médias
    Au nord du cercle polaire, la chaîne de Brooks, massive et peu élevée, s'étend sur 1 000 km environ, de la frontière canadienne à la mer des Tchouktches. Les altitudes moyennes sont de l'ordre de 1 500 m, quoique la chaîne culmine près de la frontière canadienne à plus de 2 700 m. Peu de glaciers subsistent,...
  • GEEST

    • Écrit par
    • 243 mots

    Mot allemand issu du frison güst (infertile), la « geest » qualifie des « pays », des régions de la grande plaine du Nord, principalement en Basse-Saxe. L'emploi du terme a été généralisé par les géographes qui, dans cette grande plaine d'origine glaciaire, distinguent, par l'examen...

  • GLACE

    • Écrit par
    • 7 940 mots
    • 9 médias
    ...sont soulevés par une lentille de glace lors du gel ; au dégel le vide créé se remplit de boue et la pierre ou le piquet ne redescendent pas. Bien que ce phénomène soit bien connu des agriculteurs de nos régions, les géomorphologues l'ont étudié spécialement dans les régions arctiques, où en profondeur le...
  • MACKENZIE, fleuve

    • Écrit par et
    • 3 565 mots
    • 2 médias

    Le fleuve Mackenzie draine un bassin hydrographique d'environ 1 805 000 kilomètres carrés, soit le plus grand du Canada. C'est le deuxième fleuve d'Amérique du Nord après le système Mississippi-Missouri. De la source de la rivière Finlay, qui se jette dans le lac Williston (formé par la retenue des...