TEMPÉRÉ DOMAINE
Le domaine morphologique tempéré
Le domaine tempéré correspond aux régions dont le climat se caractérise généralement par la modération de ses manifestations. Localisé dans les latitudes moyennes, il fait la transition avec ceux où la géomorphogenèse actuelle est contrôlée par des chaleurs ou des froids excessifs. Cette situation explique, pour une bonne part, la diversité et la complexité des aspects du relief, conséquences d'une évolution riche en vicissitudes variées au cours des époques géologiques récentes. Favorable, par sa modération même, à l'épanouissement des sociétés humaines, ce domaine est aussi celui où le milieu naturel a été le plus perturbé par l'homme, au point d'accélérer, parfois dangereusement, le rythme de l'érosion.
Dans l'ensemble, les limites du domaine morphologique tempéré sont faciles à tracer. D'un côté, elles coïncident, pour l'essentiel, avec l'isotherme de 10 0C du mois le plus chaud de l'année, qui sépare approximativement la forêt de conifères de la toundra des milieux froids des hautes latitudes. À l'opposé, le passage des forêts de feuillus aux steppes subdésertiques marque bien sa séparation d'avec les déserts chauds, sauf sur les façades orientales des continents, où des forêts subtropicales prolongent la forêt pluviale des basses latitudes.
Ainsi délimité, ce domaine s'étend principalement sur les puissantes masses continentales de l'hémisphère boréal. En Eurasie, il comprend une vaste bande de terres allongée de l'Atlantique au lac Baïkal, puis complétée à l'est par une large façade pacifique et l'archipel japonais. Il s'étale également sur la moitié orientale de l'Amérique du Nord, du golfe du Mexique jusqu'au Labrador et au Mackenzie. Enfin, il convient d'y englober les contrées « méditerranéennes » de la Californie, de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Dans l'hémisphère austral, océanique, le domaine tempéré ne s'épanouit que dans les pays de la Plata. Ailleurs, il se réduit à des franges côtières – comme au Chili, en Afrique du Sud, en Australie sud-occidentale et orientale – et aux îles de la Nouvelle-Zélande.
Héritages géomorphologiques
L'originalité morphoclimatique du domaine tempéré réside d'abord dans la diversité de ses héritages géomorphologiques.
Les vestiges de surfaces d'aplanissement tertiaires
Les héritages géomorphologiques les plus anciens consistent en vestiges de surfaces d'aplanissement tertiaires. Leur conservation dans les interfluves des grandes vallées dépend de la résistance à l'érosion des roches qui les sous-tendent. Aussi s'étalent-ils sur les complexes cristallins des massifs anciens, qu'il s'agisse de témoins de surfaces de regradation, de surfaces polygéniques marginales ou de surfaces étagées, paléogènes (éogènes), et néogènes. Mais les bassins sédimentaires ne sont pas dépourvus de tels vestiges, cantonnés sur les roches résistantes, grès et surtout calcaires à la faveur de l'immunité que confère la karstification.
Dans certains cas, l'uniformité remarquable de ces surfaces a permis de les assimiler à des pédiplaines à inselbergs. Leurs placages de dépôts corrélatifs et leurs paléosols sont parfois significatifs. On citera l'« argile à silex » qui jalonne la surface fini-crétacée des plaines et plateaux crayeux des bassins sédimentaires (ouest du bassin de Paris, Chiltern Hills et Downs du bassin de Londres), les grès silicifiés et ferruginisés qui parsèment des surfaces paléogènes (grès à sabalites armoricains, « pierre de Stone » de la bordure ardennaise, grès de la forêt d'Othe), les meulières associées aux surfaces paléogènes et néogènes développées sur des calcaires lacustres (Brie, Beauce, Poitou). Ailleurs, il s'agit de dépôts[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias
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