MINTOFF DOMINIC, dit DOM MINTOFF (1916-2012)
Homme politique maltais, deux fois Premier ministre (1955-1958 et 1971-1984). Entré au Parti travailliste maltais en 1944, Dominique Mintoff devient député, puis ministre du Travail en 1947. Il démissionne du cabinet pour diriger le parti (1949) et devient une première fois Premier ministre en 1955. Il prône l'intégration au Royaume-Uni. C'est son successeur, à partir de 1958, et concurrent du Parti nationaliste, le Dr Borg Olivier, qui obtiendra l'indépendance de Malte en 1964.
Alors qu'il était au pouvoir, Dom Mintoff, socialiste athée, avait eu des démêlés avec la hiérarchie catholique de Malte. Dans ce pays très catholique, l'Église avait vivement déconseillé en 1962 et en 1966 de voter pour Mintoff. Avant les élections de 1971, le travailliste Mintoff se réconcilie avec l'archevêque de Malte, et le clergé est prié de ne pas influencer le vote. Dom Mintoff retrouve le poste de Premier ministre le 17 juin 1971 avec une voix de majorité.
Cumulant les fonctions de Premier ministre et celles de ministre des Affaires étrangères et des Relations avec le Commonwealth, son but est de monnayer au maximum auprès du Royaume-Uni l'utilisation des bases de l'île. S'appuyant sur un neutralisme qu'il tente de fortifier en demandant l'appui du président libyen Kadhafi, il cherche à effrayer les Britanniques et les membres de l'O.T.A.N. qui se servent également des bases de Malte en menaçant d'en permettre l'accès aux navires de l'Union soviétique.
Un accord qu'il signe avec l'U.R.S.S. en décembre 1971 pousse les pays de l'O.T.A.N. à faire pression sur le Royaume-Uni pour qu'il cède aux demandes de Dom Mintoff. Des négociations mouvementées menées à Rome aboutissent à l'accord du 26 mars 1972, qui comporte un article interdisant l'accès de Malte aux navires des pays du pacte de Varsovie.
En concluant finalement un accord avec les Britanniques (qui évacueront en 1979 leur dernière base militaire à Malte), Mintoff rassure la plupart de ses concitoyens. En fait, loin d'être un extrémiste, il pratique un socialisme à la suédoise et se soucie surtout d'éliminer les injustices sociales dans son pays. Il sait qu'il doit assurer un certain nombre d'emplois à la population et préparer une industrialisation ou un développement du tourisme qui permette de se passer de l'aide britannique. Il cherche à assurer l'indépendance de l'île en la tenant à l'écart des querelles des Grands, mais non sans exploiter celles-ci. Au fond, ses préférences vont à une solution européenne, qui permettrait à Malte de jouer à plein son rôle de pont entre l'Europe et l'Afrique du Nord, auquel sa position le prédestine.
Il conduira encore deux fois son parti à la victoire, et les élections de 1981 le maintiendront à la tête du gouvernement jusqu'en 1984, date à laquelle il démissionnera tout en restant à la tête du Parti travailliste. Il conserva son siège de député jusqu’en 1998.
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Écrit par
- Martine MEUSY : diplômée d'études supérieures de science politique, chargée d'études à la direction de la Documentation française
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