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FERNANDEZ DOMINIQUE (1929- )

Romancier, essayiste et grand voyageur, Dominique Fernandez, élu à l'Académie française le 8 mars 2007, privilégie l'Italie – avec une nette prédilection pour Naples et la Sicile (Mère Méditerranée, 1965 ; Dictionnaire amoureux de l’Italie, 2008) – et la Russie (Dictionnaire amoureux de la Russie, 2004). Dans l'exploration de l'art baroque et de la culture italienne et russe, ses ouvrages mettent en lumière des références historiques, littéraires et esthétiques qui sont autant de prétextes à la méditation sur la condition de l'homme, non seulement politique, historique et morale mais aussi sensuelle.

Dominique Fernandez est né à Neuilly-sur-Seine le 25 août 1929. Il est le fils de Liliane Chomette, normalienne et professeur de lettres classiques, et de Ramon Fernandez, critique littéraire d'origine mexicaine.

Élève de l'École normale supérieure, agrégé d'italien en 1955, Dominique Fernandez est professeur à l'Institut français de Naples en 1957. Il épouse en 1961 Diane de Margerie, romancière et critique littéraire, avec qui il aura deux enfants. Il soutient sa thèse de doctorat en 1968, sur L'Échec de Pavese, une psychobiographie dont il est le spécialiste. Nommé professeur d'italien à l'université de Haute-Bretagne à Rennes, il se consacre à l'enseignement, à l'écriture et à la critique littéraire, notamment à la Quinzaine littéraire et au Nouvel Observateur. Il revendique le choix de l'homosexualité qu'il révèle lors de la parution en 1974 de Porporino ou les mystères de Naples (prix Médicis), l'histoire d'un castrat au xviiie siècle. Par la suite, il écrit Dans la main de l'ange (prix Goncourt 1982) sur la vie de Pasolini, puis La Course à l'abîme sur celle du Caravage (2003). Les artistes, parias sociaux et proscrits de génie dont il s'efforce de résoudre l'énigme, sont ses thèmes de prédilection. Avec Ramon (2009), l'écrivain fait un pas supplémentaire et s'efforce de comprendre le parcours de son père, Ramon Fernandez, cet intellectuel de gauche qui passa à la collaboration en 1940. Homme de lettres éclairé et mondain, il fréquente Céline et Proust, Bernanos et Mauriac, Gide et Malraux... Il écrit un Molière perspicace, avançant que l'homme ne devient comique que par la folie et le dérèglement de la volonté. Non loin de cette analyse de l'absurde, si ce n'est la gravité tragique d'un engagement politique douteux, le fils fait concorder la dérive paternelle, de la gauche vers le fascisme, avec la séparation de son épouse.

Avec Pise 1951 (2011), sous-titré « roman », Dominique Fernandez met en scène, dans l'Italie d'après-guerre, un jeune normalien français, victime d'une passion récurrente de l'échec puisqu'il abandonne à son meilleur ami, étudiant et fils d'ouvrier, l'amour d'une jeune fille qui a les traits d'un Botticelli. On ne peut s'empêcher de rapprocher le protagoniste de Pise 1951 de l'auteur lui-même et de son histoire personnelle. Même foi parentale dans la droiture civique, la justice sociale et la poursuite du progrès. Même climat moral d'une éducation bourgeoise où l'on n'extériorise pas ses sentiments. Même rigueur austère qui fait comprendre au jeune homme que « tout ce qui lui tenait à cœur, l'art, la beauté, l'amour, la rumeur de la mer sur une plage, ne pouvait être partagé... » Or, Dominique Fernandez ne cesse de parcourir des terres indescriptibles, comme dans Transsibérien (2012), illustré des photographies de Ferrante Ferranti. Cette migration physique et spirituelle a pour objet le parcours du Transsibérien de Moscou à Vladivostok, capitale de la Russie d'Extrême-Orient. Trois semaines sur les rails, en mai 2010, pour neuf mille kilomètres de chemins de fer et quelques[...]

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  • LITTÉRATURE & PSYCHANALYSE

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    • 7 706 mots
    ...de travaux. La première porte le nom de psychobiographie. Sa méthode a été définie, assez tardivement car la chose avait commencé sans le nom, par Dominique Fernandez, vers la fin des années 1960. Partant du postulat cher à Sainte-Beuve (« Tel arbre, tels fruits ») selon lequel on comprend mieux une...