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LARREY DOMINIQUE JEAN baron (1766-1842)

Après avoir commencé ses études de médecine à Toulouse, Dominique Jean Larrey les termine à Paris (1786), puis s'embarque en 1788 comme chirurgien sur la frégate La Vigilante pour la campagne de Terre-Neuve. À son retour, il est chirurgien du quartier Saint-André-des-Arts pendant la Révolution. Nommé aide-major de l'armée du Rhin, il participe à la campagne d'Allemagne (1792) ; alarmé de la mauvaise organisation du Service de santé, il crée à Mayence des cours de perfectionnement pour les aides-majors inexpérimentés (1793) ; puis de retour à Paris (1794) il propose un programme de réorganisation du Service de santé, dont le principal élément consiste en la création d'ambulances volantes, capables de suivre les soldats sur le champ de bataille et de leur porter secours immédiatement, selon le principe : « Opérer dans les vingt-quatre heures. »

Chirurgien-chef de la 14e armée, il est envoyé en Catalogne : les sept cents blessés de la bataille de la Sierra Negra seront tous, dans les meilleurs délais, opérés et pansés par ses soins. En 1796, il enseigne l'anatomie, la physiologie et la chirurgie à l'hôpital militaire de Toulon ; un an plus tard, l'anatomie à l'École de médecine militaire du Val-de-Grâce ; mais il doit suivre Napoléon Bonaparte et l'armée d'Italie. En 1798, chirurgien-chef de l'armée d'Orient, il participe aux campagnes d'Égypte et de Syrie, organise les hôpitaux, lutte contre la peste et l'ophtalmie, et installe ses ambulances volantes à dos de chameau. C'est lui qui embaumera Kléber, assassiné en 1800 au Caire. Nommé à son retour chirurgien de la garde consulaire et inspecteur général du Service de santé, il suit la Grande Armée dans toutes ses campagnes : Allemagne, Espagne (1808), Autriche (où il ne peut sauver le maréchal Lannes blessé à la bataille d'Essling), Russie. Il prend part à soixante batailles, à quatre cents actions ; après la sanglante bataille de Borodino (Russie), il opère deux cents blessés par sa méthode extrêmement rapide d'amputation (à lambeaux circulaires). Prisonnier à Waterloo, il est reconnu, au moment d'être fusillé, par des officiers ennemis qu'il a soignés jadis et qui le libèrent. Lors de la Restauration, il est incarcéré par la police de Fouché, puis relâché ; mais il perd sa pension, ses titres, sa fortune ; il refuse cependant de quitter Paris et, sous une discrète surveillance policière, ne s'occupe plus que de sa clientèle privée. En 1829, il reprend son enseignement au Val-de-Grâce. Après la révolution de Juillet, Louis-Philippe lui rend ses titres (baron d'Empire) et le nomme chirurgien en chef de l'hôpital du Gros-Caillou et des Invalides et inspecteur des établissements militaires. À ce titre, il va, en 1831, organiser le Service de santé du nouveau royaume belge. En 1842, il visite en compagnie de son fils Hippolyte, également chirurgien, les hôpitaux français récemment installés en Algérie.

Outre de nombreux mémoires sur l'ophtalmie d'Égypte, la peste, le tétanos, le choléra, la fièvre jaune, la carie des os, il a publié : Relation historique et chirurgicale de l'expédition de l'armée d'Orient (1803), Mémoires de chirurgie militaire et campagnes (1812-1817), Clinique chirurgicale exercée particulièrement dans les camps et les hôpitaux militaires depuis 1792 jusqu'en 1836 (5 vol., 1830-1836), Relation de voyages et campagnes de 1815 à 1840 (1840). Il a perfectionné les aiguilles à suture, inventé un procédé pour extraire les projectiles ayant pénétré dans la poitrine, amélioré l'opération de l'hydrocèle, et conseillé d'amputer précocement les membres blessés afin d'éviter l'apparition du tétanos ou de la gangrène.

Napoléon a justifié les cent mille francs qu'il légua à Larrey[...]

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