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KALIFA DOMINIQUE (1957-2020)

Dominique Kalifa - crédits : Francesca Mantovani/ Gallimard/ Opale/ Bridgeman Images

Dominique Kalifa

L’historien Dominique Kalifa était spécialiste d’histoire du xixe siècle et, plus particulièrement, d’histoire des imaginaires et des sensibilités.

Né à Vichy (Allier) le 12 septembre 1957, reçu à l’École normale supérieure en 1978, agrégé d’histoire, Dominique Kalifa enseigne un temps comme professeur d’histoire-géographie dans le secondaire. À partir des années 1980, il prépare une thèse sous la direction de Michelle Perrot, à l’université Paris-Diderot, publiée en 1995 sous le titre L’Encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque. Celle-ci pose d’emblée la voie d’histoire sociale et culturelle qu’il ne cessera ensuite de creuser. En étudiant les récits de crimes (faits divers, romans-feuilletons), textes souvent déconsidérés et associés à la « culture populaire », il montre comment ces derniers donnent accès aux imaginaires sociaux d’une époque. Ils permettent, ce faisant, de pénétrer les perceptions du temps (comme le « sentiment d’insécurité ») et apparaissent aussi comme des acteurs au sein de ces sociétés En témoignent, par exemple, les politiques répressives contre les « apaches », ces voyous qui font au début du xxe siècle l’objet de descriptions angoissées – et fantasmées – dans la presse écrite.

Maître de conférences à l’université Paris-Diderot entre 1995 et 2000, professeur des Universités à Rennes-II, Dominique Kalifa succède à Alain Corbin à l’université de Paris-I Panthéon-Sorbonne en 2002. L’historien des sensibilités, par ailleurs garant de son habilitation à diriger des recherches, est, avec Michelle Perrot, son autre grande source d’inspiration revendiquée.

Le livre tiré de cette ultime étape de son parcours académique, Naissance de la police privée. Détectives et agences de recherches en France 1832-1942(2000), explore davantage les liens entre imaginaire social et professionnalisation. Puis Dominique Kalifa déploie plusieurs perspectives, toujours à partir de ce même nœud de départ, fait de pratiques, d’affects et de représentations. Jalonnée par des travaux de synthèse (La Culture de masse en France, 2001) et des ouvrages collectifs (La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse françaiseau xixe siècle, 2011), une première voie explore les transformations médiatiques et plus largement l’avènement d’une « culture de l’enquête » au xixe siècle. Une autre poursuit l’étude des phénomènes de déviances et des normes sociales. Il dirige dans cette veine plusieurs travaux collectifs sur les mondes policiers et judiciaires (L’Enquête judiciaire en Europe au xixe siècle, 2007 ; Le Commissaire de police au xixe siècle, 2008) et publie l’un de ses ouvrages majeurs : Biribi. Les bagnes coloniaux de l'armée française (2009). Dominique Kalifa y dépeint l’univers de ces camps disciplinaires, leurs politiques, leur fonctionnement, les représentations sociales dont ils font l’objet. Mais il s’attache surtout à retrouver la chair de l’expérience carcérale en donnant sens aux tatouages, aux stigmates corporels et aux souffrances des bagnards. Le troisième axe concerne l’histoire des imaginaires sociaux. Au-delà des articles consacrés au crime, à Fantômas, ou à la « culture urbaine », ce programme se réalise dans LesBas-fonds. Histoire d’un imaginaire (2013). Débordant les cadres temporels et spatiaux antérieurs, embrassant Paris, l’underworld londonien, les bas quartiers de New York ou les faubourgs de Buenos Aires, l’enquête analyse les formes, les ressorts, l’efficacité et le devenir de cet imaginaire de longue portée, défini comme « un système cohérent, dynamique, de représentations du monde social, une sorte de répertoire de figures et des identités collectives (groupes, classes, catégories) dont se dote chaque société à un moment de son histoire ». [...]

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Dominique Kalifa - crédits : Francesca Mantovani/ Gallimard/ Opale/ Bridgeman Images

Dominique Kalifa

Autres références

  • LES NOMS D'ÉPOQUE (dir. D. Kalifa) - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 376 mots

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