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DOMMAGE QUE CE SOIT UNE PUTAIN, John Ford Fiche de lecture

Une pièce subversive et ironique

La transgression de Giovanni est lourde d'implications religieuses et morales : par cet amour innocent et profondément subversif à la fois, il assume la dimension d'un libre-penseur qui vit une religion naturelle à travers un érotisme dévoyé. Le sacrifice d'Anabella apparaît bien comme l'affirmation de sa liberté radicale, malgré le Ciel et les hommes, comme l'avènement d'un soleil noir, celui des libertins : « La gloire de mon acte/ A assombri le soleil de midi, fait du plein jour la nuit » (V, 6). Mais, si Giovanni, en choisissant l'heure de sa propre fin, exerce son libre arbitre au moment même où il va être mis à mort, le Cardinal, garant d'une morale douteuse, juge les actes d'Anabella dans les dernières lignes de la pièce, ultime pirouette de ce moraliste ironique qu'est Ford : « Qui ne pourrait dire : “Dommage que ce soit une putain“ ? » (V, 6).

— Line COTTEGNIES

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Écrit par

  • : agrégée d'anglais, ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, maître de conférences à l'université de Paris-VIII-Saint-Denis

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Média

<em>Dommage qu'elle soit une putain</em> de J. Ford, mise en scène de Luchino Visconti - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Dommage qu'elle soit une putain de J. Ford, mise en scène de Luchino Visconti